Le 4 juin 2019
Situé entre la comédie romantique, l’essai poétique et le drame, le long métrage s’annonce comme un récit délibérément distancié sur l’épreuve de l’amour par la maladie. Doux et délicat, le film souffre hélas de fausses notes dans l’interprétation et les choix de mise en scène.
- Réalisateur : Romain Cogitore
- Acteurs : Vincent Perez, Déborah François, Nanou Garcia, Christiane Millet, Ugo Broussot, Daniel Martin
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français, Taïwanais
- Distributeur : Dulac Distribution
- Date de sortie : 5 juin 2019
Résumé : Maria a trente ans. Elle est impatiente, frondeuse, et experte en néerlandais. Olivier a le même âge, il est lent, timide et parle quatorze langues. Ils se rencontrent à Taïwan. Et puis soudain, la nouvelle foudroyante. C’est leur histoire. Celle de la force incroyable d’un amour. Et celle de ses confins, où tout se met à lâcher. Sauf Maria.
Critique : Elle quitte la France pour Taïwan. Sa mère l’emmène à l’aéroport et elle en profite pour embrasser ses ribambelles d’amants. En fait, Maria s’enfuit à Taïwan afin d’écrire un roman, là où la plupart des gens ordinaires courent vers l’Empire du soleil levant pour faire des affaires. Et contre toute attente, elle y rencontre Olivier, un polyglotte sensible et brillant. Mais hélas, l’idylle est de courte durée, car le jeune homme apprend qu’il est très malade. Voilà à peu près les grandes lignes de ce deuxième film de Romain Cogitore, qui s’empare dans son projet pêle-mêle de la thématique de la création littéraire, du cancer, de l’après-coma et de l’impuissance sexuelle, avec en ligne de mire la figure courageuse et attachante de Maria. Bref, autant de sujets qui auraient mérité un traitement plus approfondi. Ainsi, le film fonctionne comme une sorte de patchwork confus, où à partir d’un début absolument poétique et vivifiant, l’histoire verse dans un récit quasi biologique des ravages de la maladie et du handicap cérébral dans la vie d’un couple.
- © Cinema Defacto - House on Fire
Le long métrage est conçu en trois parties. La première, qui est la plus réussie, évoque la rencontre à Taïwan. Le ton est léger, délicat, presque poétique. La photographie est exigeante. La seconde raconte l’annonce et les soins de la maladie. Et la troisième décrit la reconstruction amoureuse. Les trois actes se lisent de façon presque distincte, comme une pièce de théâtre où il serait question de trois temporalités différentes dans la vie d’un jeune couple. Mais le propos ne parvient pas à convaincre. Les dialogues ne sont pas toujours très vraisemblables, et le jeu que les comédiens privilégient avec sincérité n’incarne pas, d’une manière suffisamment précise, les ravages que peuvent engendrer une pathologie hématologique et une lésion cérébrale. En fait, ce jeu semble si peu en accord avec la réalité traumatique de ce genre de drame dans une vie, que les deux personnages paraissent presque désinvoltes. Seule Déborah François sauve l’ensemble, grâce à la grande bonté dont elle fait preuve auprès de son amant. En revanche, l’interprétation de Paul Hamy ne s’avère pas du tout à la hauteur ; on ne reconnaît presque pas le comédien génial de Suzanne ou L’ornithologue.
- © Cinema Defacto - House on Fire
Pourtant, le regard du cinéaste ne manque pas de perspicacité. Son film est rempli de portraits, d’intérieurs d’appartements, de clichés exotiques, qui confèrent à son récit une sorte de transcendance. Mais, malgré ces fulgurances esthétiques, cette œuvre ne parvient pas à emporter son spectateur. On en reste à un essai de cinéma qui manque tout autant d’émotion, de profondeur que de cohérence.
- © Cinema Defacto - House on Fire
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Kai Carver 4 juin 2019
L’autre continent - Romain Cogitore - critique
Petites corrections :
“Elle quitte la France pour Paris.
Sa mère l’emmène à l’aéroport ... Maria s’enfuit en Chine afin d’écrire un roman
... la rencontre en Chine...”
Première phrase bizarre.
Mais surtout, il ne s’agit pas de la Chine, mais de Taïwan, qui n’est pas la Chine.
Taïwan est un pays qui ressemble à la Chine. C’est une Chine rêvée. Une émanation de la Chine qui en fut séparée politiquement par le Japon il y a 125 ans. Histoire oblige, Taïwan ne retourna jamais dans le giron de la Chine, tout en y préservant certains de ses trésors et de ses pratiques.
C’est une utopie...
ceciloule 28 juin 2019
L’autre continent - Romain Cogitore - critique
Je ne suis pas d’accord avec vous... Certes, c’est la première partie qui est la plus plaisante, mais la plus réussie je ne sais pas. Je n’ai pas réellement aimé ce film tant il est dur (et sonne vrai, ne vous en déplaise) mais il parvient à rester poétique malgré tout. Je ne prétends pas avoir un avis très informé mais quand vous écrivez que Paul Hamy n’est pas à la hauteur et n’est pas juste, je ne peux que réfuter car j’ai une opinion opposée (plus d’infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/06/28/aimer-et-ses-limites-lautre-continent-romain-cogitore/)