Le 17 février 2025


- Dessinateur : Viktor Hachmang
- Genre : Science-fiction, Science-Fiction, Anticipation
- Editeur : Casterman
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 29 janvier 2025
Une réécriture graphique de La Tempête en hommage à Shakespeare et Moebius.
Résumé : Alors que la Terre est devenue une immense décharge, un éboueur s’échoue à sa surface. Entre survie face à un environnement hostile et chasse à l’homme, Géo verra sa vie lui échapper autant que lui appartenir, bercée par un livre de Shakespeare qui lui tient compagnie...
Critique ; Les lecteurs de l’Arpenteur retrouveront probablement cette sensation vague, familière, propre à l’ouvrage de Moebius, Arzak, mais avec en plus ce souffle rauque, crispé que l’auteur souhaite mettre dans ses propres œuvres. Dans cette science-fiction dystopique, il nous ramène à une Nature meurtrie par l’humanité, à des ruines et des rivières polluées mais se joue de tout, propulsant la beauté là où elle n’était pas attendue, non pas avec une rose sur du fumier mais avec cette tonalité de désespoir qui inonde sans jamais noyer. Pour ce qui est de Shakespeare, le texte de La Tempête s’imposer, se rendre perméable aux pages, mais sans jamais faire venir Prospero ou Miranda. Non, ce sont plutôt les avatars Ariel et Caliban qui semblent se fondre dans les pages, dans les décors et dans la trame du livre. La trahison s’intervient que dans le dernier tiers de l’album, et encore c’est davantage un Apocalypse Now qui vient à l’esprit, plus que la pièce anglaise. Non, de ces méandres et références intertextuelles, Viktor Hachmang en sort grandi, son ouvrage n’en devient que plus abouti, signe qu’il a su digérer pour créer, s’inspirer pour lui-même façonner.
© Casterman / Hachmang
A partir de ce scénario aux allures de réflexion philosophique, entre Tournier et Simmons, il extrait un dessin lui aussi à la croisée de multiples références, comme la ligne claire ou l’ukiyo-e, exaltant un monde où les couleurs semblent exploser, et les corps se désespérer. Que l’on pense à cette surface morbide au début, à ces barres d’habitations dystopiques et claustrophobiques, ou encore aux traits du visages du héros, c’est un dégoût qui vient aux yeux, mais assez facilement celui-ci va se diluer, se fondre dans un tout plus large et moins visqueux. Moebius avait cette particularité de vous accrocher même avec une science-fiction dévoyée, Shakespeare savait captiver en montrant les faiblesses, et Hachmang sait lui aussi se servir de traits tristes et de personnages peu avenants pour construire une bande-dessinée aboutie.
© Casterman / Hachmang
L’Arpenteur est une de ces œuvres SF qui désacralise le futur non pas en l’anéantissant, mais en révélant des petites parcelles d’une vérité que l’on connaît, sur les hommes, leurs défauts et ce qu’ils font subir à la planète, rejoignant Blade Runner, l’Incal ou d’autres références...
80 pages – 20 €