Affreuse, riche et méchante
Le 11 juillet 2006
Les riches et les pauvres, ou comment faire une fable sans surprise - de celles dont on ne se lasse pas. Une comédie comme les Italiens savaient les écrire, autrefois.
- Réalisateur : Luigi Comencini
- Acteurs : Silvana Mangano, Joseph Cotten, Bette Davis, Alberto Sordi
- Genre : Comédie
- Nationalité : Italien
- Durée : 1h58mn
- Date télé : 2 octobre 2024 22:35
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 12 juillet 2006
- Titre original : Lo scopone scientifico
- Date de sortie : 30 novembre 1977
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– Année de production : 1972
Résumé : Une Américaine très riche est passionnée par les jeux de cartes. Son jeu préféré est le "scopone scientifico" auquel elle joue quand elle est en Italie. Là-bas, sa demeure surplombe un bidonville de Rome et Madame se plaît à défier les pauvres gens au cours de parties où elle est sûre de remporter la mise...
Critique : Pour tous les pauvres cantonnés dans cette favella gouailleuse et romaine, quand les époux (Alberto Sordi et Silvana Mangano) élus par "la vieille" pour jouer aux cartes sont "au palais", cela ressemble à une finale de Coupe du monde de football. Genre France-Italie 2006 : c’est l’angoisse, l’attente, les coups de téléphone pour les corners et les penaltys - coups bas et coups de chance : gagneront, gagneront pas ? Au-delà d’un quatuor comique qui fonctionne à merveille - l’épouvantable et toujours excellente Bette Davis se prêtant au jeu avec malice - et d’une comédie comme seuls les Italiens savaient les faire, L’argent de la vieille est une mise en scène de la misère plus ironique et critique qu’il n’y paraît. Les désillusions de la lutte des classes sont passées par là, et les théoriciens singés par il professore n’en finissent pas de faire l’expérience des limites de leurs vaines théories.
On dirait presque une mise en scène de mise en scène : néoréalisme et poésie des bas-fonds renvoyés dans les cages, les personnages hauts en couleur tiennent plus désormais de la caricature. Les pauvres ne sont plus que l’ombre décalée, tendre et marrante d’eux-mêmes. Ce n’est plus Le voleur de bicyclette mais déjà Affreux, sales et méchants (1976). Même si l’on peut regretter un rythme parfois inégal, il faut revoir l’efficacité de Sordi qui en fait des tonnes et la subtilité de Silvana Mangano, nullement troublée par la présence impériale de la vieille star à peine défraîchie dans ce rôle de garce que Bette Davis a toujours joué. Le tout avec tendresse et ironie bien sûr. Et même quelques belles scènes où le théâtre de la vie et du monde est réduit à une angoissante table de jeu. La fable est sans surprise, mais le cinéma, c’est pas du football...
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