Vive la lutte sénégalaise !
Le 3 juin 2008
Véritable incursion dans l’univers de la lutte traditionnelle au Sénégal, L’Appel des arènes est un bel hommage à un sport national.


- Réalisateur : Cheikh A. Ndiaye
- Acteurs : Aziz Ndiaye, Mustapha Gueye, Mohamed Ndao , Ibrahima Mbaye
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Sénégalais, Burkinabé, Marocain
- Date de sortie : 4 juin 2008

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– Durée : 1h45mn
Véritable incursion dans l’univers de la lutte traditionelle au Sénégal, L’Appel des arènes est un bel hommage à un sport national.
L’argument : Alors qu’il est attaqué par un petit groupe de voleurs menés par Sory, Nalla, un jeune homme de 17 ans issu de la bourgeoisie dakaroise, fait la connaissance d’André qui le sauve des griffes de ses agresseurs. Les deux hommes se lient d’amitié et André, lutteur professionnel, devient le mentor de Nalla que la lutte taditionnelle fascine désormais.
Notre avis : Pour son premier film adapté du livre éponyme de l’écrivaine sénégalaise Aminata Sow Fall, Cheikh A. Ndiaye réalise avec L’Appel des arènes une œuvre qui lui tenait à cœur. Une plongée dans les arcanes de la lutte traditionnelle, un véritable phénomène de société au Sénégal qui est un mélange de sport, de mysticisme et de business. Nalla, le jeune bourgeois, et Sory, une petite frappe qui vit de petites arnaques et de paris, renvoient chacun à leur manière à la passion que la lutte suscite dans toutes les couches de la population sénégalaise.
Les règles de ce sport, ses codes, ses contraintes et ses enjeux économiques se dévoilent peu à peu à Nalla, en pleine révélation, engagé dans un apprentissage qui prend des allures de voyage initiatique. Il doit d’abord s’approprier les gestes techniques, rencontrer des figures mythiques - les stars de l’arène comme Malaw, interprété par Mohamed Ndao, qui est à la ville un vrai dieu de la lutte dans son pays, ou encore André, incarné par Mustapha Gueye, une autre star de ce sport. L’apprenti-lutteur doit également se familiariser à toute une mythologie et une spiritualité nées de récits transmis de génération en génération par les griots, véritables muses des lutteurs dont ils sont les communicants attitrés.
A travers la fiction, L’Appel des arènes met à nu toutes les aventures humaines dissimulées derrière cette effervescence sportive. Les séances d’entraînement, les combats, les cérémoniaux d’un autre temps, les paris clandestins et les cachets de lutteurs qui se négocient à prix d’or racontent avant tout des trajectoires. Celle de Nalla, bien sûr, dont la nouvelle passion va lui permettre de trouver une seconde famille au sein des lutteurs ; celle de Sory, qui, par ses magouilles, veut sortir sa copine de la prostitution, mais aussi, plus globalement, celles de sportifs, des gens ordinaires sublimés par leur discipline.
Le réalisateur magnifie le monde de la lutte sénégalaise par ses images. Des spectateurs en furie, des corps à corps de lutteurs aux prises quasi artistiques... Sa caméra évoque habilement l’intensité des combats et ne se laisse nullement déstabiliser par les quelques digressions qui émaillent le récit. Il parvient, la frénésie grandissante, à susciter notre curiosité et à nourrir notre intérêt jusqu’au dernier plan pour ces gladiateurs africains. La grande passion des Sénégalais se vit et finit par être comprise.