Le 9 janvier 2019
Produit par les frères Almodóvar, ce parcours sarcastique d’un violent criminel adolescent, vaut pour sa mise en scène esthétiquement soignée et l’ambiguïté de ses personnages. Âpre et réjouissant.
- Réalisateur : Luis Ortega
- Acteurs : Daniel Fanego, Lorenzo Ferro, Chino Darín
- Genre : Thriller, LGBTQIA+
- Nationalité : Espagnol, Argentin
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h58mn
- Titre original : El Angel
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 9 janvier 2019
- Festival : Festival de Cannes 2018
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Résumé : Buenos Aires, 1971. Carlitos est un adolescent de 17 ans au visage d’ange à qui personne ne résiste. Ce qu’il veut il l’obtient. Au lycée, sa route croise celle de Ramon. Ensemble ils forment un duo trouble au charme vénéneux. Ils s’engagent sur un chemin fait de vols, de mensonges où tuer devient bientôt une façon de s’exprimer...
Notre avis : Il s’appelle Carlos Eduardo Robledo Puch dans la vraie vie et il a constitué dans le tout début des années 70 l’un des plus célèbres tueurs en série d’Argentine, toujours incarcéré à l’heure de la sortie du film. Ici, il est incarné par le jeune Lorenzo Ferro dont la ressemblance avec l’adolescent de l’époque est stupéfiante. Pour autant, L’Ange n’est pas le biopic ordinaire d’un criminel juvénile dont l’objet serait de retracer les crimes, vols et agressions dont il s’est rendu responsable. Le film est d’abord la rencontre entre ce jeune homme de 17 ans, aussi naïf que dangereux, et un garçon de son lycée technique, Ramon, qui l’entraîne dans un vertige de délits et de meurtres, diabolique et envoûtant.
- © K et S Films - UGC
Luis Ortega a fait le choix de ne pas livrer une mise en scène démonstrative, avec des plans horrifiques (le film est d’ailleurs tous publics avec un avrtissement !). Dès la première séquence où l’on découvre le jeune voleur entamer une danse dans la maison qu’il vient de cambrioler, le ton est donné à un film qui privilégie une esthétique de l’image au déballage de sexualité et de sang. Il faut saluer les décorateurs qui restituent un Buenos Aires des années 70, coloré et mouvementé. Un soin incroyable est donné aux accessoires et aux costumes, comme si la dimension artistique devait prendre le pas sur ce qui pourrait se réduire à un vulgaire fait divers. La bande-son participe d’ailleurs à ce projet artistique ambitieux. En effet, la musique rock n’roll et tonique s’insère dans ce récit d’amours et de meurtres à la façon d’une comédie musicale rythmée et généreuse, rajoutant à la portée esthétique et décalée du scénario. Si les victimes tombent parfois dans de rares effusions de sang, et se livrent parfois même à une sorte de valse morbide, quasi ironique, la vraie dimension du film est la théâtralisation d’un Buenos Aires filmé comme un espace initiatique et universel.
- © K et S Films - UGC
Le cinéaste cultive avec grâce l’ambiguïté de la relation entre Carlitos et Ramon. Il ne tombe pas dans la grossièreté d’un érotisme suranné. Au contraire, Luis Ortega se plait à regarder le jeune-homme rechercher l’amour de son aîné qui, tout en rejetant son homosexualité, s’adonne à des relations inverties avec des hommes riches. Leur relation pétrie tant de délicatesse que de conflits raconte la complexité de la construction identitaire de tout adolescent. Heureusement, le cinéaste assume la pudeur et le non-dit dans sa mise en scène, laissant ainsi le choix au spectateur de l’effectivité ou pas de leur relation amoureuse.
En tous les cas, malgré le sujet âpre, L’Ange est un film qui ne cède jamais à la facilité, ni au sérieux pontifiant. Paradoxalement, derrière le portrait de ce jeune homme perdu, attachant, terrible et sans limite, le cinéaste offre un spectacle réjouissant et sarcastique.
- © K et S Films - UGC
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