Le 21 août 2021
Un homme, parti tenter sa chance aux États-Unis, revient à Rouen, sa ville natale, quinze ans après, et cherche à retrouver ses anciens amis. Chronique douce-amère particulièrement réussie par l’acteur Marcel Bozzuffi, ici cinéaste débutant.


- Réalisateur : Marcel Bozzuffi
- Acteurs : Bernard Fresson, Jean-Louis Trintignant, Jacques Perrin, Gabriel Signoret, Rufus, Françoise Fabian, Marcel Bozzuffi, Jean Bouise, Simone Signoret, Tanya Lopert
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films 13
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 24 septembre 1969

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Résumé : Bruno (Jean-Louis Trintignant) revient à Rouen, sa ville natale, après avoir fait sa vie aux États-Unis. Il semble décider à un retour définitif et cherche à retrouver ses anciens amis.
Critique : Marcel Bozzuffi, acteur habitué aux rôles de durs, réalise ici son unique film et il surprend dans un registre où l’on ne l’attendait pas particulièrement. Il oublie le domaine du polar, pour brosser une chronique douce-amère, plutôt désabusée et nostalgique. Bruno semble avoir réussi aux États-Unis, mais on ne fait que le supposer, car peu d’éléments sont donnés au spectateur. En tout cas, le protagoniste n’a pas fondé de famille et n’évoque pas sa vie américaine avec un enthousiasme débordant. Dès ses premières retrouvailles avec le cafetier (Jean Bouise), on sent que l’énergie de la jeunesse a bel et bien disparu. Là où tous les amis se rencontraient pour de longues soirées gaies et bruyantes, il ne reste qu’un débit de boissons morne, peuplé de piliers de bistrot, qu’il faut mettre dehors à l’heure de la fermeture. Petit à petit, on comprendra que ces amis se sont principalement perdus de vue en raison de la mort de l’un d’entre eux, tué pendant la guerre d’Algérie.
Le ton triste, emprunt d’un réel pessimisme, est porté par une belle pléiade d’acteurs entourant Jean-Louis Trintignant, qui joue un personnage tout autant prévenant que distant : Jean Bouise est un cafetier fatigué ; Rufus, un révolutionnaire qui a perdu sa bonne humeur ; Bernard Fresson, un artisan talentueux devenu raciste et intolérant, Marcel Bozzuffi lui-même interprète une ancienne gloire du football, dépendante au jeu. De son côté, Françoise Fabian (épouse de Marcel Bozzuffi à la ville) incarne une femme à la fois lumineuse et indépendante ; et Simone Signoret, dans un court rôle, symbolise, mieux que personne, toute la nostalgie d’un temps probablement sublimé et définitivement englouti.
Non exempt de quelques défauts narratifs, cet unique long métrage de Marcel Bozzuffi est une belle réussite, qui ne démérite pas dans la production française de l’époque. On ne peut que regretter que l’acteur-cinéaste n’ait pas récidivé.