Le 25 décembre 2023
Relatant l’épisode historique du réseau Manouchian, Frank Cassenti opte pour la mise en abyme et la distanciation, ancrant avec bonheur son film dans la meilleure tendance du cinéma politique des années 1970.
- Réalisateur : Frank Cassenti
- Acteurs : Valérie Mairesse, Pierre Clémenti, Bruno Moynot, Malka Ribowska, László Szabó, Roger Ibáñez, Jacques Rispal, Jean Lescot, Louba Guertchikoff, Guy Mairesse, Anicée Alvina
- Genre : Drame, Historique, Expérimental, Politique, Drame historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : NPF Planfilm
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 26 février 2024 21:02
- Chaîne : TV5 Monde
- Date de sortie : 10 novembre 1976
- Festival : Festival de Cannes 1976
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Résumé : Sur les murs de la France occupée, une affiche rouge désignait à la vindicte publique un groupe de résistants étrangers, communistes pour la plupart, animé par l’Arménien Missak Manouchian. Arrêtés au cours d’une vaste rafle allemande, vingt-deux de ces vingt-trois partisans immigrés qui luttaient pour une France libre furent fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944. La vingt-troisième, une femme, fut décapitée par les nazis le 10 mai 1944.
Critique : Prix Jean-Vigo 1976, L’affiche rouge est le film le plus célèbre de Frank Cassenti. Coécrit avec René Richon, le scénario s’intéresse au réseau Manouchian, composé de résistants étrangers ayant agi sous la France occupée, et qui furent arrêtés puis exécutés par les Allemands. Loin d’une approche linéaire et de la reconstitution historique académique, Frank Cassenti opte pour la mise en abyme, avec une narration à tiroirs. On y suit une troupe de théâtre coachée par une directrice artistique (Malka Ribowska), au milieu des années 70, et souhaitant monter un spectacle sur ce fait longtemps occulté des manuels d’Histoire. L’œuvre alterne ainsi la préparation de la pièce, les répétitions, mais aussi le spectacle en lui-même et des séquences d’un long métrage qui aurait pu être tourné sur ce sujet. On y trouve même des passages décalés, tels ce discours théâtral d’un Goebbels filmé en plan fixe, à plusieurs reprises ; ou ce numéro de comédien de rue masqué, évoquant le Molière de Mnouchkine. Cinéaste de gauche et humaniste, Frank Cassenti dénonce ouvertement la barbarie nazie, et le sort réservé à ces hommes (et cette femme), dont certains étaient des juifs polonais ou hongrois, davantage stigmatisés en tant que tels. Mais le film, bien qu’étant ouvertement militant, échappe au caractère scolaire et démonstratif, contrairement à L’armée du crime, que tournera Robert Guédiguian sur le même thème. Ayant fréquenté dans sa jeunesse Chris Marker, Joris Ivens et Godard, Frank Cassenti mêle approche mémorielle, démarche documentaire et effets de montage, donnant à cette Affiche rouge une tonalité expérimentale, ce que justifie par ailleurs son faible budget. En ce sens, Frank Cassenti est plus proche du minimalisme art et essai de réalisateurs tels René Allio ou Marin Karmitz que du cinéma-dossier à large audience dont le plus célèbre représentant était, en France, Costa-Gavras. L’affiche rouge permet en outre d’apprécier des acteurs puissants par leur magnétisme, à l’instar de Pierre Clémenti et László Szabó. Le film, ambitieux et humble à la fois, mérite donc une redécouverte, même si le dispositif est un peu daté. Le cinéaste, dont c’était le second long métrage de fiction après Salut, voleurs ! (1973), en tournera encore deux, La chanson de Roland (1978) et Le testament d’un poète juif assassiné (1988), qui rencontreront moins d’écho. Mais il sera prolifique dans le documentaire, surtout à la télévision, tout en se consacrant à sa seconde passion, la musique.
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