Embrassez qui vous voudrez
Le 23 août 2012
Les passions interdites... Kiss Mig traite avec finesse et légereté de l’amour au féminin. Un sujet brûlant quelque-peu diminué par un acheminement narratif convenu.
- Acteurs : Lena Endre, Ruth Vega Fernandez, Liv Mjönes, Krister Henriksson
- Genre : Drame, Romance
- Nationalité : Suédois
- Durée : 1h45mn
- Titre original : Kyss mig
- Date de sortie : 29 août 2012
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Les passions interdites... Kiss Mig traite avec finesse et légereté de l’amour au féminin. Un sujet brûlant quelque-peu diminué par un acheminement narratif convenu.
L’argument : En Suède, une famille recomposée comme une autre : Lasse, le père de Mia et Oskar, va épouser Elisabeth, la mère de Frida, et organise à cette occasion une fête où tous deux convient leurs amis et enfants. Venue de Stockholm où elle vit avec son fiancé depuis plusieurs années, Mia, qui rend rarement visite à son père, ne se lie pas facilement avec sa future belle famille. Surtout avec Frida dont elle apprécie peu l’exubérance…
Notre avis : Curiosité cinématographique de l’été 2012, Kiss Mig fait, avant même sa sortie en salle, débat sur la toile. Avec ce deuxième long-métrage, la réalisatrice suédoise Alexandra-Therese Keining tente de démontrer que les révolutions doucereuses sont parfois les plus douloureuses. Mouvements fluides, luminosités brillantes, mouvements délicats, Kyss Mig explore avec lenteur et minutie le changement de peau de Mia. Fiancé à Tim, gendre bon chic bon genre, Mia construit autour de son futur mariage, un univers carré, rangé et glaçant. Dans son appartement de Stockolm, un échelas de formes géométriques et d’angles droit, que du design. Aussi peine-elle à évoluer dans les eaux plus chaleureuses de la campagne suédoise, dans la maison de son enfance, dans le chalet de ses vacances, dans l’océan de souvenirs adolescents. Privée de sa mère, Mia s’est construit un idéal féminin idéal et conventionnel. Une route qu’elle a parfaitement tracée jusqu’a l’arrivée de Frida, fille de la nouvelle compagne de son père, ouvertement homosexuelle. Une exhubérance et une liberté qui dans un premier temps, agace, révulse et agresse le corps hyper-tendu de Mia. Très vite, Mia pose les armes et se lie d’amitié avec la jeune fille, jusqu’a en tomber amoureuse.
Animal, Kyss Mig se compose sur le corps de ses actrices. Une mise en scène organique jouant sur les tics et reflexes épidermiques de deux héroïnes incroyablement justes dans le jeu de la contraction (Ruth Vega Fernandez alias Mia) et de la décontraction (Liv Mjönes alias Frida). Un duo féminin en accord parfait, fruit d’une longue recherche. Si la réalisatrice suédoise a instinctivement choisit Liv Mjönes pour le rôle de Frida, Ruth Vega Fernandez s’est imposée plus tard, l’introversion et le supplice de son personnage complexifiant la distribution. Au second plan, des acteurs de premier ordre, précédement remarqués dans Infidèle de Liv Ullman : Krister Henriksson et Lena Endre. Grave et d’une inquiétude retenue, Lena Endre (l’inflexible Erika Berger de Millénium) donne à Kyss Mig la pincée dramatique adéquate, juste de quoi frissonner à l’unisson.
Plastiquement, le film est d’une beauté sans pareille. Chorégraphie des corps, décor sur-composé dans le cadre, lumières chaudes et chatoyantes, une impression de cocon berce le spectateur. Cette onctuosité de surface vole en éclats avec le premier baiser échangé entre Frida et Mia. Filmé au ralenti, en plan serré et assorti d’une douce musique, l’instant s’éternise à l’écran. Puis la réalité vient rompre le charme, tout s’accèlère. Le conte de fées de Mia bascule dans un monde incertain fait de plans séquences tremblotants et de corps à corps maladroits entre les deux amantes. Une traversée du miroir qui épaissit et étoffe la psychologie des personnages. Mia que l’on voulait dure et froide apparaît moins insensible qu’elle n’y parait et Frida, légère et extravertie se révèle bien moins épanouie qu’on ne semblait le faire croire. Ensemble, elles vont s’apprivoiser, délicatement et parfois brutalement. Contemplative, l’esthétique réfléchie de Kyss Mig ampute trop souvent la profonde violence du sujet abordé : l’identité sexuelle. Dans les affrontements, la mise en scène reste dans la distance et la solennité, tant et si bien que les rebondissement dramatiques se font rare. Résultat ? Un film qui pèche par manque de rythme. Et à force d’adoucir le trait, la courbe de l’histoire s’affaiblit. Classique et prévisible, le scénario de Alexandra-Therese Keining s’échine sans succès à poursuivre cette folle course sentimentale. Le dénouement, convenu et peu crédible, achève de gâcher la tonalité tendrement poétique d’un film dont l’originalité ne tient finalement pas la distance. Émouvant mais sans surprises.
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