Le 17 septembre 2019
La tendresse du film documentaire et la contemplation délicate des œuvres de Kusama ne suffisent pas à happer l’attention du spectateur, qui est noyée dans une succession infinie d’images d’archives et d’entretiens avec l’artiste japonaise.
- Réalisateur : Heather Lenz
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h16 min
- Date de sortie : 18 septembre 2019
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Résumé : Kusama : Infinity est une ode au parcours semé d’embuches de celle qui est devenue aujourd’hui l’artiste femme la plus reconnue au monde. Fuyant son éducation conservatrice dans un petit village japonais, traumatisée par une famille dysfonctionnelle et les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, Yayoi rejoint les États-Unis en 1957. Étrangère, inconnue et sans attache, elle s’y investit corps et âme dans l’expression d’une créativité longtemps bridée par sa famille. Ne pesant rien dans un monde de l’art aux mains de quelques barons, elle surmonte un à un les préjugés : racisme, sexisme, stigmatisation des maladies mentales et, bientôt, les difficultés liées à son âge. Cette combinaison hors du commun de détermination et créativité en fait une rivale des plus grands dès les années 1960, faisant même de l’ombre au très bankable Andy Warhol ! Toujours surprenante, Yayoi choisit de vivre dans un institut psychiatrique depuis 1977 et, aujourd’hui âgée de plus de 90 ans, continue de créer au quotidien.
Notre avis : Le film Kusama : Infinity est d’une infinie tendresse, plus particulièrement durant les passages où Yayoi Kusama s’entretient face à la caméra de la réalisatrice Heather Lenz, qui a l’habilité d’extérioriser la candeur profonde de l’artiste japonaise.
Surplombée de ses cheveux rouges flamboyants et vêtue de pois étincelants, Kusama se confie au sein de son univers, qui mêle angoisses et féérie. Un univers, marqué par l’envahissement, l’hallucination, l’auto-anéantissement (self-obliteration) et toujours à contresens des courants artistiques dominants du vingtième siècle : le pop art et le minimalisme.
Les épisodes les plus intimes de son parcours extraordinaire sont évoqués dans un discours limpide et intime. Cette prouesse témoigne de la bienveillance de l’équipe de tournage, menée par Heather Lenz, qui a su capter le regard tétanique de Yayoi Kusama, alliance d’effusion de tendresse et d’inquiétude. En effet, l’entretien est délicatement mené, ce qui permet un partage des propos poétiques, mais surtout des émotions universelles de Yayoi, l’artiste féminine vivante la plus vendue dans le monde. On découvre un génie contemporain d’une grande sensibilité, qui est le noyau de ses convictions et de son art. Ainsi, les propos de la créatrice japonaise portent l’ensemble du film, entrecoupé d’images d’archives, évoquant en détail sa vie personnelle, depuis son enfance durant la Seconde Guerre mondiale au Japon, jusqu’à son quotidien actuel dans un institut psychiatrique.
Toutefois, le mode narratif longitudinal dessert la biographie d’une artiste dont l’existence emprunte des chemins tortueux, qui ont contribué à forger sa personnalité énigmatique et émouvante. De surcroît, on déplore un manque de rythme dans le montage, qui saisit alternativement la vie privée et la vie publique de Yayoi Kusama, selon un parcours semé d’obstacles. On assiste à un enchaînement monotone de séquences, dont aucune n’est mise en exergue pour capter notre attention, laquelle se perd dans une sorte de train avançant à lente allure. Comment peut-on faire un film quasiment soporifique avec une thématique aussi passionnante ?
La vie et l’univers artistique de Kusama, mus par un élan vital vers des créations extraordinaires, offrent un éventail de possibilités qui contribuent à une vision différente de nos existences. La réalisatrice Heather Lenz a fait le choix de centrer son documentaire sur les œuvres foisonnantes de Yayoi Kusama. Ainsi, ces dernières sont majestueusement mises en valeur, avec une contemplation suave et attrayante pour l’œil de tous spectateurs. En parallèle, l’ensemble est subtilement entremêlé de passages littéraires consistants. Cependant, un des seuls éléments qui retient le spectateur devant ce documentaire, est la hâte de retrouver, face caméra, l’artiste nonagénaire, celle dont les yeux tétanisés se demandent pourquoi on s’attarde encore sur une personne, dans un institut psychiatrique. Kusama : Infinity a la capacité humble d’y répondre, sans commune mesure avec les d’autres films qui prennent les artistes comme sujets d’investigation.
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