Knock Knock - le test Blu-Ray

Pas grand chose à se mettre sous la dent dans cette édition, qui joue la carte du minimalisme avec une série d’entretiens plutôt banale. Avec 120 522 entrées au compteur en France, Knock Knock méritait sans doute un peu plus d’égard. Reste le film en lui-même, un thriller nettement plus vertigineux qu’il n’y paraît.

L’argument : Un soir d’orage, un architecte, marié et bon père de famille, resté seul pour le weekend, ouvre sa porte à 2 superbes jeunes femmes mal intentionnées…

La critique : ICI

Les suppléments :

Trois entretiens au programme (Keanu Reeves, Lorenza Izzo, Ana de Armas), parfois intéressant, souvent consensuels.

Keanu Reeves

L’acteur aime la torture inhérente au scénario et la question que pose ce film. Evan est séduit par les deux jeunes filles, bien qu’étant marié et ayant deux enfants. Finalement, il dit oui. Les deux femmes entreprennent alors de lui tendre un miroir et, selon Reeves, de tendre dans le même temps un miroir au spectateur.

Sur un autre plan, Reeves s’interroge sur la signification de la rage des deux jeunes femmes, et la façon dont elles l’expriment : via la punition, le châtiment et le jugement. Reeves souligne que le film prend à ce titre une ampleur nettement plus impétueuse qu’il n’y paraît de prime abord. "Dans la nature, quand l’eau est viciée, les grenouilles la quittent, comme les canaris dans les mines de charbon." À ce titre, leur objectif est de montrer qu’il y a un problème, de faire office de révélateur. Le scénario dénonce par ailleurs pour l’acteur que nous sommes autocentrés, avec les nouvelles technologies et tous ces moyens de communication qui nous vampirisent. De quoi remettre en question notre rapport au monde, et regarder ce qui se cache derrière les apparences, à la manière d’Hitchcock (L’Inconnu du Nord-Express) ou de Lynch (Blue Velvet).

Quid de l’animal qui n’est pas encore domestiqué, de notre cerveau reptilien qui sommeille en nous ? Dans le film, Evan a l’impression de se contrôler et d’avoir le contrôle sur les choses qui l’entourent. Mais il n’en est rien, et il suffit de quelques jeunes filles dansant chez lui pour tout faire voler en éclat. Dans cette mesure, la violence physique et psychologique est particulièrement drôle. Reeves compare la dynamique du film aux lois de la thermodynamique. Le fait de créer de l’ordre réclame beaucoup d’énergie, à l’inverse du désordre qui en requiert peu. Il est possible de consacrer un temps infini à façonner des choses incroyables, mais tout cet édifice peut s’effondrer en une fraction de secondes. Or, la chose amusante de Knock Knock est que ce schéma se produit dans le monde réel. Tout est vrai. Evan n’accepte jamais de porter la responsabilité de ses actes dans le script, comme le met en évidence Reeves, et ce, même lorsqu’il tente de s’expliquer auprès de son épouse. En quelque sorte, Evan a échoué au test, comme beaucoup d’hommes sans doute avant lui.

Hormis l’analyse relativement pertinent de l’acteur, la seconde partie consiste en une promotion classique et inintéressante.

Lorenza Izzo

Pour elle, Knock Knock met en branle de nombreuses barrières culturelles et sociales. Elle rapproche le film de Liaison fatale, pour la dimension famille parfaite teintée d’infidélité. Elle voit son personnage comme une fille brisée cherchant à se raccrocher à quelque chose. Dans cette optique, elle joue à un jeu avec son amie Bel, qu’elle considère comme sa sœur. Ce jeu avec les hommes, ce purgatoire qu’elles mentent en place leur permet de surmonter les potentielles horreurs qu’elles ont vécues petites.

L’actrice souligne par ailleurs avoir travaillé quatre fois avec Eli Roth. D’une part dans Aftershock, réalisé par Nicolas Lopez mais co-produit et interprété par Eli Roth, mais aussi avec sa série Netflix Hemlock Grove. Puis vinrent Green Inferno et Knock Knock.

La suite de l’entretien se profile sous le signe de la promotion.

Ana de Armas

L’actrice raconte avoir été attirée par le scénario de Roth pour son traitement du dilemme entre bien et mal. À propos de son personnage Bel, elle évoque une jeune femme sexuellement abusée lorsqu’elle était petite. Sa rédemption à elle consiste donc à punir l’homme qui outrepasse la moralité. Cruel mais cathartique. Elle note enfin que l’intelligence du film est de présenter des personnages dont les motivations sont pour chacun "raisonnables".

Suit un éloge de Keanu Reeves sans intérêt.

L’image :

Cette version haute définition fait le boulot et révèle de saisissantes nuances de couleurs, dynamisant un peu plus encore les scènes lugubres.

Le son :

De Kiss aux Pixies, la bande originale s’avère bien enrobée en DTS-HD 5.1. De quoi par ailleurs bien étoffer l’atmosphère pesante du métrage.