Kill List - le test DVD

Le très estimable thriller imperméable de Ben Wheatley entame sa seconde vie, sous vos applaudissements.

L’argument : Meurtri dans sa chair et son esprit au cours d’une mission désastreuse à Kiev 8 mois plus tôt, Jay, ancien soldat devenu tueur à gages, se retrouve contraint d’accepter un contrat sous la pression de son partenaire Gal et de sa femme, Shen. Jay et Gal reçoivent de leur étrange nouveau client une liste de personnes à éliminer. À mesure qu’ils s’enfoncent dans l’univers sombre et inquiétant de leur mission, Jay recommence à perdre pied : peur et paranoïa le font plonger irrémédiablement au cœur des ténèbres.

Le film : Parmi les réals de la féconde Albion qui rembobinent l’histoire du film de genre britannique (style James Watkins et sa Dame en noir) ou pompent délibérément The Wicker Man, le chef-d’œuvre néo-païen de Robin Hardy (Kill List donc, mais aussi Wake Wood), Ben Wheatley est certainement le plus moderne et le plus compétent. Son étrange thriller, film d’horreur pure travesti en quasi-documentaire sur la vie des tueurs à gages, est assez bien fabriqué pour vous déranger durablement les tripes, voire y implanter un abcès de malaise increvable, fait de violence sourde, d’énigmes nihilistes et de joyeuse amoralité. On y trouve même une maitresse séquence de terreur claustro, et quelques fabuleux plans extérieurs, fascinants et fascinés, que nous vous mettons au défi de ne pas emporter sur votre oreiller. Le seul souci de cette remarquable expérience de cauchemar en intraveineuse est à chercher du côté de son hermétisme. Si Ben Wheatley prend un malin plaisir à disséminer ça et là les clés d’une œuvre cryptique qui ne semble tenir que par l’image et les petits séismes mentaux qu’elle provoque, nous n’avons finalement aucune envie d’en ouvrir la dernière porte, de peur de rompre sa magie noire ou de ne pas trouver grand-chose derrière. On ne gaspille pas un beau frisson.

La critique complète ici

LE DVD

Les suppléments :
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Insignifiants au possible. Un making-of trop court qui, du reste, essaie tellement de ressembler au film qu’il ne nous en apprend quasiment rien, une série d’interviews globalement dispensables du crew (Youtube vous en dira plus) et la bande-annonce proverbiale pour conclure.

L’image :

Résolution absolument irréprochable, restitution subtile des lumières crues, des couleurs ternes, et des noirs profonds sous la lune. Rien à dire sur cette copie qui fait honneur à une petite production naturaliste pleine de style.

Le son :

Véritable contre-pouvoir au début du film, qui fait déraper le moindre dîner en drame larvé, et illustration parfaite des étranges séquences de la seconde partie, la bande-son irréelle de Kill List, saturée de parasites, de nappes caverneuses, de montées flippées et de cordes étranglées, est ici la béquille principale d’une ambiance salement belle. Le DTS 5.1 en VO (DD 5.1 en VF) remplit parfaitement son office, en respectant un mix savant et pointilleux. Cela dit, on vous conseille de l’écouter fort pour mieux plonger dans le marécage.