Maya blues
Le 17 mai 2015
Steve Carell y cherchait sa réputation, Keira Knightley sa légitimité, et Lorene Scafaria un starting-block de luxe, mais cette comédie romantique d’entrée de gamme cachait seulement un film-catastrophe au premier sens du terme.
- Réalisateur : Lorene Scafaria
- Acteurs : Keira Knightley, Steve Carell, Melanie Lynskey
- Genre : Drame, Comédie romantique
- Nationalité : Américain
- Titre original : Seeking a friend for the end of the world
- Date de sortie : 8 août 2012
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Steve Carell y cherchait sa réputation, Keira Knightley sa légitimité, et Lorene Scafaria un starting-block de luxe, mais cette comédie romantique d’entrée de gamme cachait seulement un film-catastrophe au premier sens du terme.
L’argument : Que feriez-vous si la fin du monde arrivait dans 3 semaines ?
C’est la question que toute l’humanité est obligée de se poser après la découverte d’un astéroïde se dirigeant tout droit vers notre planète. Certains continuent leur routine quotidienne, d’autres s’autorisent tous les excès, toutes les folies. Dodge est quant à lui nouvellement célibataire, sa femme ayant décidée que finalement, elle préférait encore affronter la fin du monde sans son mari. Il décide alors de partir à la recherche de son amour de jeunesse, qu’il n’a pas vu depuis 25 ans. Mais sa rencontre avec Penny risque de bouleverser tous ses plans.
Notre avis : S’il est bel et bien un drame collisionnaire, le premier film de Lorene Scafaria se fout pas mal des astéroïdes venus embrasser le globe. On n’est pas chez Roland Emmerich. C’est au téléscopage amoureux qu’il s’accroche, celui de Steve « Dodge » Carell et Keira « Penny » Knightley, deux âmes perdues qu’un ciel en colère a fait ricocher dans la même direction. Et jusque là, tout va bien, puisqu’une idylle accomplie passe inévitablement par une extinction du monde environnant. Il faut être deux et uniquement deux pour s’aimer convenablement. Le problème, c’est qu’une fois la métaphore avalée, il est impératif de la filer sur plus d’1h30 sans perdre son spectateur en route. Autant vous dire d’emblée que nous sommes descendus à la première station-service.
On nous avait vendu la chose, après le passage de Take Shelter, Melancholia et consorts, comme la première comédie romantique sur l’apocalypse. Pas comme un remake girly des derniers jours du monde (des frères Larrieu) avec plus de pop vintage mais sans le nu intégral d’Amalric. Pour tout vous dire, on aurait aimé passer la fin du monde avec un autre couple, voire avec les restaurateurs sous ecstasy rencontrés au cours du voyage. Parce qu’hormis cette séquence, à laquelle on pourrait ajouter une autre drug party en banlieue pavillonnaire (la fin du monde, c’est une bonne occasion pour laisser les bourgeois gouter à l’héroïne), une réunion d’entreprise suicidaire et les interventions d’une femme de ménage ultra-professionnelle et indifférente au grand bordel astral, rien dans cette comédie récurée à l’adoucissant lacrymal ne vous tirera le moindre frisson. Peut-être cela tient-il seulement au talent de Steve Carell, dont le personnage d’assureur anonyme est à l’ennui ce que Knightley est à l’hystérie forcée : une référence. Une chapelle sixtine, même.
Evidemment, plus on court (ou plus on flotte) vers l’aboutissement logique d’un scénario aussi prévisible que l’A25, plus ces deux personnages inconciliables vont se trouver des qualités plastiques, des charmes discrets, et même des affinités existentielles (en ligne de mire : des incertitudes amoureuses et des fêlures familiales). Et puisque nous ne sommes pas totalement insensibles, le spectacle des nouveaux amants se susurrant des gentillesses à l’oreille sur fond de Scott Walker et d’astéroïdes kamikazes a même réussi à convoquer quelques larmes au seuil de nos yeux accablés. Mais pas plus qu’en voyant trépasser un écureuil. Et moins que pendant le dernier épisode du Prince de Bel-air.
En définitive, regarder Jusqu’à ce que la fin du monde nous sépare équivaut à s’arrêter devant une animalerie en pleine apocalypse, histoire de caresser un chiot en riant doucement de nos existences dérisoires. C’est très mignon, ce n’est pas foncièrement désagréable et ça n’est même pas idiot, mais on aurait aimé un peu plus de panache à l’heure de rejoindre Jimi Hendrix et Thierry Roland de l’autre côté de l’écran.
Sans plis, pudique, trop verrouillé, sous-mis en scène et intoxiqué par sa propre modestie, le film de Lorene Scafaria peine à agiter les aiguilles de nos sismographes. Si vous voulez vraiment rire en regardant vos prochains disparaitre de concert, on vous conseille d’attendre la sortie, en 2013, de The end of the world, signé Evan Goldberg et Seth Rogen. Mais encore faut-il que nous survivions au maya gate du 21 décembre.
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