Le jeu de mort
Le 20 décembre 2020
Le film de Joe Johnston ne révolutionne rien, mais demeure un agréable divertissement pour kids, inventif et bien mené.
- Réalisateur : Joe Johnston
- Acteurs : Kirsten Dunst, Robin Williams, Patricia Clarkson, Bonnie Hunt, Jonathan Hyde, Bradley Pierce, David Alan Grier, Bebe Neuwirth
- Genre : Aventures, Fantastique, Film pour enfants
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Gaumont Columbia Tristar Films
- Durée : 1h40mn
- Date télé : 19 avril 2024 21:25
- Chaîne : TMC
- Box-office : 2.034.972 entrées France - 388.801 P.P
- Date de sortie : 14 février 1996
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Résumé : Lors d’une partie de jumanji, un jeu très ancien, le jeune Alan est propulsé sous les yeux de son amie d’enfance, Sarah, dans un étrange pays. Il ne pourra s’en échapper que lorsqu’un autre joueur reprendra la partie et le libèrera sur un coup de dés. Vingt-six ans plus tard, il retrouve le monde réel par le coup de dés de deux autres jeunes joueurs.
Critique : Tiré d’un roman de Chris Van Allsburg, petit maître de la littérature enfantine Outre-Atlantique, courtisé plusieurs fois par le cinéma (Robert Zemeckis notamment l’a adapté avec son Pôle Express), l’histoire de Jumanji part d’une idée simple et efficace : quatre personnes autour d’un jeu de société hanté, où chaque coup de dé sonne un nouveau danger. L’aventure, forcément familiale, renvoie chacun à son passé (qui ne s’est jamais assis autour d’une tablette de jeu ?) et à ses fantasmes (l’imprévu s’invite à la maison, le quotidien se détraque).
Le cinéma de divertissement américain, qui plus est le cinéma pour enfants, s’est régulièrement adonné au petit jeu du film concept : une seule idée (mais une bonne idée), un scénario qui se construit autour à seule fin de l’exploiter, une mécanique bien huilée qui se déroule. Évidemment, ce n’est pas dans ce moule que se font les chefs-d’œuvre impérissables ou que l’on trouvera de grandes surprises, juste de quoi s’amuser pendant 1h30 et faire un carton au box-office. A titre d’exemples récents, on peut citer un long-métrage comme La Nuit au musée (pas terrible, certes, avec le même Robin Williams) ou, pour les ados, la série des Destination finale. A chaque film son concept de départ, plutôt bien trouvé (les antiquités d’un musée prennent vie la nuit, la Grande Faucheuse poursuit tous ceux qu’elle a ratés dans un ’’accident’’ d’envergure...), que ses suites successives, hélas, achèvent d’épuiser jusqu’à la corde. Du cinéma ’’ludique’’ en somme, des films jeux où chaque rebondissement se trouve de lui-même et reste l’occasion de franchir un nouveau palier, un niveau - un peu à la manière de la fête foraine, ou plutôt des jeux vidéo, pour rester dans cette époque.
Avatar déjà lointain (1995 !) de ce type de spectacle, Jumanji s’en tire assez bien, même s’il ne fait plus guère illusion pour les plus de seize ans. Entre les mains de Joe Johnston, sorte de mini-"spécialiste" du genre (Chérie j’ai rétréci les gosses, Jurassic Park III, le récent Wolfman), élève appliqué tout droit sorti de l’école Spielberg-Lucas, le film respecte ses recettes impersonnelles avec un certain succès : l’aventure bat son rythme sans temps mort pendant son 1h40 réglementaire, tandis que ce cabotin de Robin Williams assure son numéro sans faillir dans le rôle principal d’Alan Parrish, ici entouré de la jolie Bonnie Hunt et par la jeune pousse Kirsten Dunst, bien des années avant Spider-Man et Marie-Antoinette ! Fort de trucages ingénieux (le plancher sable mouvant, la saison des moussons reproduite dans un salon) et d’effets spéciaux numériques convaincants pour l’époque (mais plutôt obsolètes aujourd’hui), le film est une sorte d’Alice au pays des merveilles à l’envers, où ce ne sont plus les bambins qui tombent dans le monde fantastique de la jungle, mais où c’est la jungle elle-même qui s’invite dans le quotidien... renversement propice aux situations comiques : les singes sur la moto de flics, le troupeau sauvage qui charge dans les rues, l’homme des bois pris pour un barjo. Et Jumanji de talonner son auguste modèle carrollien (certes sans en atteindre la finesse et la folie psychologique, mais ce n’est pas son but) par une petite touche freudienne que seuls les adultes comprendront : en révolte contre l’autorité paternelle avant d’être happé par le jeu infernal, Alan Parrish retrouve dans le "Jumanji" la figure du père, réincarnée dans celle d’un chasseur sanguinaire devenu son pire ennemi (c’est le même acteur, Jonathan Hyde, qui interprète les deux rôles). Preuve que, "de l’autre côté du miroir", ce sont toujours nos peurs refoulées et notre être propre qui nous attendent et qu’il nous faut vaincre, comme le montre le gentil happy end.
Les producteurs ont eu le bon goût de nous laisser sur ce (plutôt bon) souvenir : une suite de Jumanji a été envisagée et amorcée, avant d’être finalement abandonnée. Mais la recette était trop belle et le succès du film trop juteux ; par conséquent, la "fausse" suite Zathura vit le jour en 2006, avec de nouveaux personnages, un nouveau réalisateur à la barre (Jon "Iron Man" Favreau) et un nouveau cadre (l’espace), avec un succès plus modeste toutefois.
CRITIQUE DE JUMANJI BIENVENUE DANS LA JUNGLE
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