Jour J . T.34 . Le Dieu vert - La chronique BD

La série Jour J ne se présente pas, avec ce trente-quatrième tome, qui se situe comme une suite au tome 26 « La Balade des Pendus », les éléments incontournables sont toujours là : le fil de l’Histoire tel que nous le connaissons a été distendu, un événement a été altéré, et rien ne suit le cours normal. Ici, en l’occurrence, la peste a été vivace en Europe, et a notamment empêché la Reconquista espagnole des Rois chrétiens, mettant un coup d’arrêt à l’expansion chrétienne, tout en limitant celle de l’Islam. C’est en parallèle la civilisation africaine qui va sortir grande vainqueur de ce tournant historique, avec les royaumes de Tombouctou ou Goa, qui profitent de l’or qui abonde dans cette région, et qui n’ira ni à Damas, ni à Rome. Par conséquent, les religions monothéistes qui ont pris le contrôle de la Méditerranée sont mises à mal, et c’est le Dieu Vert qui va s’élever au milieu des décombres. Forcément, c’est un peu comme relire Léon l’Africain de Maalouf à l’envers que de parcourir ce tome, où une héroïne charismatique, sacrément habile au cimeterre, est plus sombre et intéressante que la Jeanne d’Arc dont elle s’inspire. L’idylle avec sa compagne est en soi un joli pied de nez à l’Histoire, où les aventures homosexuelles féminines sont absentes, cachées ou discréditées, apportant une touche originale à l’édifice, dont la conclusion reste un peu abrupte et déroutante.

© Delcourt

Les amateurs du tome 26 reprendront tranquillement le cours de cette histoire, et sans soucis ni surprises retrouvent les personnages, qui ne sont donc plus à présenter. Ayant acquis de l’expérience, parfois un peu d’âge surtout quand des bonds se font dans le temps, mais ont une aura reconnaissable et appréciée. Petit bémol, les décors, et notamment les palais et cités de cette époque, sont souvent représentés par un grand blanc découpé dans le ciel, manquant de détails qui auraient pimenté la dimension historique ou uchronique. Dommage de ne pouvoir qu’imaginer la richesse et la magnificence des villes africaines, alors que les embuscades dans le désert sont elles bien exploitées graphiquement. Reste qu’en mélangeant trois civilisations, costumes, bannières et harnachements, la fidélité représentait déjà un travail ambitieux.

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Classique du genre, Jour J avec Le Dieu Vert ajoute une touche de religieux et d’économique à l’historico-politique habituel, pour livrer un album d’action avant tout, mais finalement bien déconcertant et excitant.