Jour J - la critique du film

Critique : Évadée de la Bande à Fifi menée par Philippe Lacheau, Reem Kherici se transforme en réalisatrice actrice en 2013 avec Paris à tout prix, où elle nous conte les déboires d’une jeune styliste marocaine renvoyée dans son pays, alors qu’elle s’apprête à décrocher le job de ses rêves.
Quelques années plus tard, constatant la difficulté des trentenaires à s’engager dans les événements importants de la vie, il lui vient l’idée de réunir deux types de filles : celles qui ont peur de s’engager et se retrouvent seules et celles qui ont peur de la solitude et s’engagent vite, autour du concept du mariage.
Ne cherchez aucune volonté sociétale dans le traitement de ce sujet. La jeune actrice réalisatrice l’affirme, elle ne sait manier que la comédie. Alors, adoptant le même ton primesautier que pour son film précédent, elle nous embarque sur les chapeaux de roues dans un vaudeville pour éternels adolescents où les petites cachotteries et les gros quiproquos s’enchaînent sans répit. Il faut faire rire à tout prix, alors les gags sont poussés à l’extrême frôlant in extremis la caricature. On n’évite pas non plus quelques clichés hasardeux sur les rapports hommes/femmes. Pourtant malgré un scénario mince et une réalisation sans grande originalité, Jour J parviendra à prendre dans ses filets les amateurs d’histoires légères grâce d’abord à ses superbes décors des gorges du Verdon. Le ciel bleu et les couleurs chaudes de cette région du Sud confortent la joie de vivre qui affleure tout au long du récit.

Copyright Mandarin Prod. - Gaumont - France 2 cinéma - Gianni Giardinelli

Son plus bel atout reste cependant son trio d’acteurs à la beauté parfaite et à l’énergie positive. La diaphane Alexia (l’élégante Julia Piaton), issue d’une famille bourgeoise, chouchoutée par son père, sympathique mais d’une naïveté déconcertante, vit en léger décalage avec la réalité. Elle est fascinée par la brune Juliette (Reem Kherici appétissante comme un fruit doré), son opposé. Elle lui envie son indépendance et sa détermination. C’est sur la confrontation de ces deux personnages aux antipodes l’un de l’autre que s’appuie toute la dynamique de cette aventure, boostée par un Nicolas Duvauchelle inattendu. Entre douceur et virilité, il dévoile un talent comique que ses précédents rôles dramatiques ne laissaient pas imaginer et qui lui sied à merveille. Son jeu alerte nous transporte immédiatement dans un univers de spontanéité.

Copyright Gaumont Distribution

Cette joyeuse bande de post-ados est entourée de personnages secondaires pas forcément plus matures qu’eux, aux interventions plus ou moins heureuses. Si Sylvie Testud, en associée angoissée et râleuse, est pétillante, l’agitation permanente et les calembours douteux de Ben (François-Xavier Demaison) peinent à faire sourire. Quant à Chantal Lauby (Marie, la mère catastrophe de Juliette), en mère boulet à la puérilité excessive, elle agace parfois mais son sens de la comédie est si probant que l’on finit par lui pardonner ses égarements. Si Jour J ne sera sans doute pas LA comédie de l’année, il convient cependant de saluer l’enthousiasme et la bonne humeur de ce film ensoleillé et punchy.