Treat me like fire
Le 28 juin 2018
Un premier film noir réussi, qui raconte avec brio et empathie, la dévastation d’un jeune couple en prises avec l’addiction aux jeux d’argent.
- Réalisateur : Marie Monge
- Acteurs : Tahar Rahim, Stacy Martin, Karim Leklou
- Genre : Drame
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 14 février 2021 22:30
- Chaîne : OCS Choc
- Date de sortie : 4 juillet 2018
- Festival : Festival de Cannes 2018, Quinzaine des Réalisateurs 2018
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Résumé : Lorsqu’Ella rencontre Abel, sa vie bascule. Dans le sillage de cet amant insaisissable, la jeune fille va découvrir le Paris cosmopolite et souterrain des cercles de jeux, où adrénaline et argent règnent. D’abord un pari, leur histoire se transforme en une passion dévorante.
Notre avis : Ce sont deux addictions qui s’opposent et se nourrissent l’une et l’autre. Une dépendance à l’amour désespéré qu’Ella éprouve pour Abel, et un goût immodéré pour les jeux d’argent que subit le jeune homme. Force est de constater que la jeune réalisatrice s’est largement documentée avant de s’engager dans une pareille aventure cinématographique. Tout est là dans la déclinaison psychique et sociale des phénomènes d’addiction : la compulsion qui étreint les personnes dépendantes face aux produits, l’ambiguïté du rapport entre plaisir et douleur dans la consommation des drogues, le mensonge qui détruit les familles, le primat de l’assouvissement du manque, quitte à perdre toutes ses attaches affectives, et surtout l’environnement nauséabond et dangereux qui caractérise les réseaux de trafiquants.
Voilà donc le spectateur, emmené à son insu dans les bas-fonds parisiens, qui découvre avec effroi que, derrière les casinos officiels, dans de sombres caves, se cachent des salles de jeux appelées des Cercles, à la limite du légal, parfaitement organisées sous la forme associative. Tout est pensé : l’alimentation des flux monétaires, la surveillance, la sécurité, jusqu’à une sorte de milice effroyable qui traque les joueurs endettés.
- (C) 2018 - Bac Distribution
Pour un premier film, la réalisatrice, Marie Monge qui avait été nommée en 2014 pour le César du Court-Métrage, n’a pas froid aux yeux. Elle se plonge sans hésiter dans un univers sinistre, secret, grâce à ses deux acteurs principaux, Tahar Rahim et Stacy Martin, qui se laissent entraîner dans une mise en scène à la fois dynamique et très précise. Tahar Rahim se fond particulièrement bien dans son personnage, Abel. Il emprunte parfaitement les tics de la jouissance du drogué quand il s’agit de parier sur des chevaux ou des jeux de carte, et l’on assiste à la dévastation progressive d’un homme qui perd pied totalement avec lui-même et ses proches. Le visage se vide soudain de sa juvénilité, se couvre de cicatrices et d’inquiétudes, à l’instar de sa jeune compagne, qui, de la patronne sérieuse de restaurant, se transforme en un fantôme errant et désespéré.
Il faut saluer la musique qui rythme le film. Parfois Joueurs rappelle la touche glacée des films noirs des années 80-90 à la façon de Corneau ou Tavernier. Une scène en milieu de film illumine proprement cette histoire terrible d’un couple qui s’effondre dans la dépendance. On assiste à ce moment avec ravissement à une danse endiablée entre les deux jeunes amants, grâce à une chanteuse noire à la voix envoûtante et au charisme électrique. Joueurs apparaît donc d’abord comme un film d’ambiance, où les choix de lumière, de positionnements de la caméra préfigurent à un esprit des profondeurs. On pourra toutefois reprocher une conduite d’acteurs assez académique. Ou encore des raccourcis dans le scénario qui accélère le temps, sans explication ou transition narrative. Mais ces quelques faiblesses ne parviennent pas à faire oublier qu’il s’agit du premier long-métrage d’une jeune réalisatrice qui promet de faire longtemps parler d’elle.
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