Le 22 janvier 2021
Le musée d’Orsay présente l’œuvre passionnante d’un des premiers photographes français. Un homme et une œuvre encore inconnus du grand public, avec lesquels l’institution ouvre un nouveau champ de monstration intéressant, en complément de ses fameuses collections picturales et sculpturales. A lire, à voir, absolument, dès que la COVID-19 ne nous visitera plus.
- Auteurs : Sylvie Aubenas, Thomas Galifot
- Salle d'exposition / Musée : Musée d’Orsay
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Résumé : {Catalogue officiel de l’exposition Girault de Prangey photographe (1804-1892) présentée au musée d’Orsay du 15 décembre 2020 au 14 mars 2021. Oublié pendant plus d’un siècle, le Langrois Joseph-Philibert Girault de Prangey s’est imposé depuis une vingtaine d’années parmi les figures majeures des débuts de la photographie française. Cet aristocrate fortuné qui choisit de se faire peintre et dessinateur, archéologue et historien de l’architecture, savant amateur de plantes et d’oiseaux rares, est aussi un pionnier du daguerréotype. Cette technique, qu’il maîtrise parfaitement dès 1841, lui permet de réaliser une oeuvre dont l’ambition et l’ampleur sont presque incomparable. Le corpus réalisé par Girault de Prangey compte non moins de 1 000 daguerréotypes répertoriées à ce jour, ce chiffre pouvant augmenter tant son oeuvre demeure mystérieuse. Il a été réalisé en majorité entre 1842 et 1844, lors d’un tour du bassin méditerranéen de l’Italie à l’Égypte en passant par la Grèce, la Turquie, la Syrie, le Liban, Jérusalem et la Palestine. De manière totalement inédite, cet ensemble est replacé au sein de la production plus large du photographe, restée peu étudiée pour la partie précédant le voyage, et largement inconnue pour celle lui succédant. Est ainsi révélée une oeuvre photographique sur papier d’une variété et d’une qualité insoupçonnées, avant tout inspirée par son domaine et ses jardins. C’est une vision nouvelle de Girault de Prangey qui est ici proposée, celle, plus complète, du grand photographe qu’il a été des années 1840 aux années 1870, et dont ses daguerréotypes spectaculaires ne donnaient qu’une idée partielle. Première monographie en France consacrée à l’oeuvre photographique de Girault de Prangey, l’exposition du musée d’Orsay et l’ouvrage qui l’accompagne mettent en valeur ces découvertes dans le contexte français des années 1830 aux années 1880 - contexte artistique, archéologique, celui de l’essor de l’édition scientifique illustrée et des sociétés savantes d’archéologie, d’acclimatation et d’horticulture - pour proposer une compréhension résolument neuve de la personnalité de Girault de Prangey et de son évolution en tant qu’artiste.}
Critique : A quoi auriez-vous occupé votre vie, si vous aviez été d’une bonne famille noble de Langres à la fin du 19ème siècle, que vous n’aviez pas eu besoin de travailler étant donné vos rentes, que vous étiez marqué par les campagnes napoléoniennes d’Orient, inspiré par les arts plastiques en général, l’architecture en particulier, passionné et contemporain des débuts de la photographie, amateur de botanique et on en passe ? Probablement comme Joseph-Philibert Girault de Prangey que cette exposition et ce livre nous invitent à découvrir.
- Joseph Philibert Girault de Prangey (1804-1892) Kaire. Ayoucha 1842-1843 Daguerréotype 9,5 × 12 cm Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la photographie © Photo Bnf
Il est rare pour un musée d’avoir la chance de pouvoir surprendre le grand public par la présentation de son patrimoine. Le marché expansif de la photographie, son développement outre-mer, a permis de faire émerger des collections du musée d’Orsay, l’œuvre de Joseph-Philibert Girault de Prangey. Mais qui est ce Français qui se vend désormais chez Christie’s à prix d’or, alors qu’il n’a été longtemps connu que des spécialistes, qu’ils soient historiens ou collectionneurs ?
Cet homme est l’un des premiers maillons de l’homo photographicus dont nous descendons. Sa démarche singulière pour l’époque est devenue le canon de notre manière de vivre en voyages, en promenade, dans notre quotidien. Nous rapportons avec plus ou moins de manières nos vies par l’image.
Avec une âme d’artiste, de scientifique, d’aventurier, il s’est saisi des premières techniques de représentations chimiques pour se lancer dans le récit imagé de sa découverte du monde. Il échange avec l’inventeur Daguerre et part constituer un carnet de voyages en images. Qu’est-ce que le daguerréotype et pourquoi ses œuvres ont-elles autant de valeur ?
C’est une image dont le support est une plaque de métal. Le négatif et son tirage ne font qu’un. Il n’est pas voué à la reproduction infinie comme l’argentique ou à la transmission fulgurante et massive du numérique. Chaque cliché est donc un incunable. En tant que pionner de cette aventure technique, il témoigne exactement du monde du 19ème siècle. Ce travail permet de se figurer exactement le vrai de cette époque où les voyages n’étaient pas aussi communs et faciles qu’ils le sont devenus aujourd’hui (hors covid bien entendu).
Tel un chercheur de trésors rapportant quelques pépites, il connaît un succès relatif de ses rapports iconographiques auprès des sociétés savantes et des amoureux du patrimoine culturel, mais son enthousiasme est mal partagé par son époque. Pour son compte, de cette longue aventure, il garde un goût pour l’architecture mauresque et fait construire à Langres, patelin de province dont il est originaire, une demeure dans cette veine, où il cultive des plantes exotiques rapportées de ses périples. Il se consacre désormais à son monde, sa région. En artiste, il saisit magnifiquement par le dessin ou la chimie, les paysages de sa contrée natale. A sa mort, c’est dans la cave de la maison que sont remisées sans égards particuliers, les milliers de clichés qui font aujourd’hui la valeur de cette exposition et qui sont disputés à prix d’or. N’est-ce pas troublant ? Ironie du sort dont doivent s’accommoder tous ceux qui devancent l’esprit de leur société.
Que dire du livre remarquablement fait et de la beauté surannée des clichés, des textes les accompagnant ? Ils n’attendent que votre lecture !
A découvrir absolument à Orsay dès que possible et à conserver précieusement dans votre bibliothèque.
- Joseph Philibert Girault de Prangey (1804-1892) Le Château d’Eau pétrifié par le gel 1842 © The Metropolitan Museum of Art Daguerreotype 9.4 × 12 cm New York, The Metropolitan Museum of Art don de Mr. and Mrs. John A. Moran, en mémoire de Louise Chisholm Moran, don de Joyce F. Menschel, legs Joseph Pulitzer, 2016 Benefit Fund, et don de Dr. Mortimer D. Sackler, Theresa Sackler andFamily, 2016
co-édition Hazan
Catalogues d’exposition : Photographie
Date de parution : 12/11/2020
Format :220 x 227 mm
256 pages
Prix : 49,95 €
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