Hey Joe
Le 11 juillet 2007
Portrait magistral et sans concession de l’une des figures les plus importantes du rock’n’roll. Indispensable.
- Réalisateur : Julien Temple
- Acteurs : Johnny Depp, Joe Strummer, Topper Headon, Mick Jones
- Genre : Biopic, Musical
- Nationalité : Britannique
- Date de sortie : 11 juillet 2007
- Plus d'informations : Le site du film
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– Durée:2h03
Portrait magistral et sans concession de l’une des figures les plus importantes du rock’n’roll. Indispensable.
L’argument : En tant que leader du groupe punk Clash à partir de 1977, Joe Strummer a profondément marqué l’existence de ses contemporains. Cinq ans après sa mort, cette influence perdure à travers le monde entier. Le film est un portrait sans complaisance de Joe Strummer, décrit non seulement comme musicien et légende du rock, mais aussi comme un véritable témoin de notre temps.
Notre avis : 22 décembre 2002. La nouvelle tombe sans crier gare, comme un stage diver imbibé d’alcool qui vous matraque la tête par surprise avec ses bottes militaires, dans la fosse enragée d’un concert punk. Joe Strummer, le leader du Clash, est mort. Une malformation cardiaque congénitale, jamais décelée, le terrasse à seulement 50 ans. Cela aurait pu arriver à n’importe quel moment de sa vie : lors de son enfance marquée par le suicide de son frère ou au moment de ses premiers balbutiements punks au sein des 101ers, pendant une des tournées harassantes avec le glorieux Clash ou durant sa longue traversée du désert. Non, le destin a choisi de frapper alors que Joe faisait un come-back plus que réussi avec son nouveau groupe, les Mescaleros.
Cette disparition choquante a attristé le monde du rock à un point rarement atteint. Un sentiment d’injustice voilait alors les esprits encore engourdis par l’annonce tragique. "Pourquoi lui ?" se répétait-on inlassablement comme pour tenter de conjurer le sort. Et de fait, si Johnny Rotten (des Sex Pistols) était parti à la place de Strummer, eh bien, comme disait Desproges à propos de la mort de Tino Rossi, on aurait repris deux fois des moules ! Car, et pour en finir avec ses stupides oppositions de groupes de la même génération censées forger la légende du rock (Beatles/Stones ou Beach Boys, Bowie/Bolan, Blur/Oasis, Nirvana/Pearl Jam et donc Clash/Pistols), le Clash évoluait dans une stratosphère musicale bien supérieure à celle des Pistols. Aucune comparaison possible entre ces derniers, éjaculateurs précoces essentiels du mouvement punk, et le gang de Joe, tout simplement l’un des meilleurs groupes de rock de l’Histoire.
Sentiment d’injustice donc, mais également culpabilité inconsciente et regrets éternels. On ne pourra plus jamais lui dire tout le bien que l’on pensait de lui et on regrette de s’être si peu intéressé à ses années post-Clash. La tentation des éloges funèbres fut largement consommée mais, fait rarissime, totalement justifiée. Ainsi, Strummer est entré dans le panthéon du rock’n’roll par la voie la plus sûre mais la plus cruelle, celle empruntée par beaucoup d’autres avant lui : la mort.
Le film de Julien Temple est admirable. Il retrace littéralement toute la vie du chanteur avec une grande honnêteté. Ses zones d’ombres ne sont pas gommées, loin de là, et permettent d’éviter le piège de la béate adulation stérile. Strummer avait ses défauts, et le fait d’en parler renforce encore plus ses qualités. Le parti-pris d’un montage ludique est une idée magistrale qui empêche de tourner en rond et s’inscrit dans un post-modernisme réjouissant. Pour illustrer certains aspects de la vie de Strummer qui manquent d’images d’archives, Temple trouve des correspondances et des métaphores dans différents films de fiction ou d’animation (on croit reconnaître Le ferme des animaux d’après Orwell). Tout ceci fonctionne à merveille. Quant aux témoignages de ses proches autour d’un feu de camp, clin d’œil aux campfire instaurés par Strummer, notamment au festival de Glastonbury, ils sont à la fois sincères, touchants et parfois même surprenants (cela fait plaisir de revoir un Topper Headon sobre et gentleman). En tous cas cette idée de mise en scène respecte parfaitement celle de Strummer, à savoir qu’un feu de camp efface toute hiérarchie sociale ou médiatique (ainsi l’ami d’enfance de Joe est l’égal d’un Johnny Depp ou d’un Bono).
Après deux heures passées à la vitesse du (bon) son, on ressort avec la volonté farouche de s’opposer violemment à toutes les inégalités et injustices du monde, simplement parce qu’un homme l’a fait modestement, à son échelle, par sa musique et ses textes, avec une sincérité qui relèguent au rang de vulgaires poseurs tous les garants de la bonne conscience de notre société. Grâce aux albums incandescents du Clash et maintenant grâce au film de Julien Temple, souhaitons qu’un jour nos enfants, au lieu de vouloir être pompier ou vétérinaire, diront tout simplement : "Moi, plus tard, je veux être Joe Strummer".
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