Le 24 juin 2020
Une sorte de récit initiatique sétois qui donne la voix à de jeunes acteurs talentueux, mais dont les excès finissent par lasser le spectateur.
- Réalisateur : Frédéric Carpentier
- Acteurs : Darren Muselet, Pablo Cobo, Léone François, Antoine Piccarreta, Jérôme Bidaux
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Fratel Films
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 22 juin 2020
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Résumé : Raphaël, le chef d’une bande de jeunes voleurs de rues, voit son autorité menacée par Kevin, son fidèle lieutenant. Pour garder le pouvoir, il doit affronter la trahison et un univers de plus en plus violent, où les armes remplacent les poings.
Critique : Le cinéma entretient depuis toujours le mythe de ces gueules d’ange, aussi fascinantes que dérangeantes, qui s’adonnent à la délinquance. On est à Sète, avec son port, ses accents pétillants, le bleu de la mer, et la beauté multiculturelle de ses habitants. Raphaël règne en roi sur sa bande qu’il exerce aux pires larcins. Il se débat avec une vie faite de ruptures, entre un père SDF et une mère absente. Avec ses yeux perçants, il se berce d’illusion d’une société qui serait à ses ordres, nourrissant une sorte de colère froide contre l’existence.
- Copyright Fratel Films
Jeunesse sauvage est un film dont la fonction essentielle est de donner vie à ces jeunes comédiens, dont on entendra parler dans les années qui viennent. Ce n’est pas le scénario qui retient, ni l’originalité du récit. C’est d’abord la présence magnétique de ces gamins, qui s’engagent dans une lutte sans merci pour la domination, où seuls comptent les rapports de force. Le long-métrage souffre de la fragilité d’une écriture et d’une mise en scène souvent trop démonstrative. Frédéric Carpentier en fait beaucoup dans les mouvements, les cris, les ressorts émotionnels. Mais sa bande de jeunes comédien ne démérite jamais, comme si finalement, cette histoire d’excès et de cris avait été façonnée pour donner corps à leur talent.
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Ce n’est pas donné à tous les réalisateurs que de donner naissance à des acteurs. Derrière la figure de Pablo Cobo, on pense à la fougue d’un James Dean ou aux premiers pas de Delon sur le grand écran. A ses côtés, il y a Darren Muselet qu’on connaît déjà dans ces rôles de jeune gars en rupture et qui confirme son talent. Et il y a quelques jeunes filles, sauvages comme elle, brûlées par la colère pour certaines. Parfois, les dialogues versent dans une certaine forme de misogynie et on comprend que ce récit de bagarres, de vols et d’agressions est un hymne à la virilité meurtrie. La figure de l’anti-héros résonne dans la tradition des films initiatiques où la mise en scène convoque la sensualité et la rivalité masculines. On pense évidemment, toute proportion gardée, au Rusty James de Coppola, avec ce Matt Dillon lumineux et charismatique qui éprouvait sa masculinité contre la rutilance des motos.
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Mais quelque chose ne fonctionne pas vraiment dans le film. Le scénario s’essouffle très vite dans une collection de mots fleuris et dans une escalade de violences qui finissent par lasser le spectateur. Peut-être que le récit aurait gagné en faisant preuve de plus de mesure dans le propos et en se centrant sur la psychologie du héros principal. En réalité, l’histoire se perd dans une surenchère d’insultes, de luttes viriles et de quiproquos mélodramatiques, qui font perdre de vue le magnétisme des personnages. L’émotion, même quand le réalisateur tend de la provoquer, en mêlant par exemple des plans fixes du héros et une musique lyrique, peine à prendre possession du récit. On ne croit pas à cette main qui tremble quand elle repose le revolver qui vient d’assassiner un jeune issu d’une bande rivale. On ne croit pas à ce jeune qui danse après avoir commis le pire. On ne croit plus à ces jeunes qui semblent plus des bourgeois urbains que de véritables apprentis mafieux. Ainsi, le récit passe à côté de son projet initial et fait du tort à ce qui aurait pu être un immense jeu de comédiens.
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