Jeanne Hébuterne - La chronique BD

Jeanne Hébuterne par Modigliani

Jeanne Hébuterne par Modigliani

Peau diaphane et topazes qui vous fixent, nous connaissons tous ce regard du plus grand modèle de Modigliani… Bien plus que sa muse favorite, Jeanne Hébuterne était aussi une artiste accomplie : photographe, musicienne, créatrice, peintre - femme de … - et mère de Giovanna, la première fille du couple (1918 -1984).

Ils se rencontrent à l’aube de l’année 1917, le soir du réveillon du 31 décembre 1916 alors que la guerre suit son cours mortel en Europe.
Et pourtant, l’espoir n’est pas loin.
On est en plein âge d’or des arts, en témoignent les nombreux poètes, danseurs, comédiens, chanteurs, paroliers, écrivains et autres artistes référencés soigneusement dans ce livre : Chaïm Soutine, Léopold Zborowski, Karl Ditan, Charles Sablon…
Ces deux artistes vont se séduire, se construire ensemble, se déchirer, sans survivre...
Modigliani était un des peintres les plus givrés de l’entre-deux-guerres... tellement givré qu’il rendit dingue sa belle au point que Jeannette vivra jusqu’au suicide une existence qu’elle voulait fusionnelle avec son peintre de compagnon.

Bien plus qu’un roman graphique, c’est une vraie enquête et une succession de déduction de la part de l’auteur que l’on partage naturellement avec ce récit fleuve si peu tranquille, déroulant une histoire passionnante et captivante.

En contraste avec la peinture colorée de Modigliani, Nadine Van der Straeten - qui a également écrit le scénario - utilise le noir et blanc.
Le trait est vif, dynamique, utilisant tout l’espace possible et sous tous ses angles. On ne se lasse pas de la mise en page qui nous permet de flotter autour des personnages et leur univers.
Les dialogues, l’enchaînement des phylactères est parfait, saisissant et criant de réalisme.

Jeannette était la meilleure ambassadrice de son amant de peintre qui mourut le 24 janvier 1920.
Elle décida de le rejoindre 48 heures après son décès, emportant la mémoire d’un artiste d’exception mais surtout dans son ventre rond, le second fruit de leur amour.
Elle croyait en lui et sa peinture plus fort que tout. Avait-elle pour autant tissé de son plein gré sa dépendance à Modigliani ? C’est ce que pense Nadine Van der Straeten auteure de ce si précieux et délicat ouvrage.