Je suis supporter du Standard - la critique

Parce qu’à l’instar de la tolérance du spectateur lambda, un scénario n’est pas extensible à loisir, Riton Liebman prouve une fois de plus que films longs et idées courtes ne font pas d’heureux ménages.

L’argument : Pour Milou, le football est une véritable drogue, une religion qu’il pratique en fanatique, se faisant un devoir de contribuer personnellement, et par tous les moyens, à la victoire de son équipe : le Standard de Liège. Mais sa rencontre avec Martine va lui donner une bonne raison de décrocher...

Notre avis : Apôtre tardif de Jean-Jacques Annaud, la belge multi-face Riton Liebman a bien retenu la sainte leçon de Coup de tête : les plus beaux films sur le football ne parlent pas de football. Certes, mais quitte à ne pas circonscrire le spectacle au divin rectangle, autant faire marrer dans les tribunes. Une entreprise qui se révèle périlleuse lorsqu’on s’attaque à son premier long avec un pitch de pub pour la Française des jeux, et sans Patrick Dewaere.

Produit sur la foi d’une fausse bonne idée (les ultras sont des junkies comme les autres et l’amour est leur issue), Je suis un supporter du Standard est une comédie dont le doux parfum nineties et la bonne volonté manifeste ne camouflent pas totalement une irrémédiable myopie. Incapable de voir plus loin que le bout de son argument, le court-métreur Liebman se prend les pieds dans tous les tapis scénaristiques imaginables, plie sous le poids de ses arcs narratifs et emprunte pour voir le bout de son pénible tunnel des chemins de traverse qui frôlent l’insulte intellectuelle. Depuis le massif central de lieux communs qui caractérisent le fanatique liégeois (homme-enfant complexé par une mère juive/psychanalyste et un frère modèle), jusqu’à la love-story rédemptrice construite à la truelle, perdue de vue et mal rapiécée (c’est parce que madame absout papa qu’elle se réconcilie avec monsieur), en passant par les twists convenus, les déclinaisons de vannes grabataires (le concept de footballique anonyme, le fix d’images Panini…), les dialogues injouables et les seconds couteaux mal aiguisés (chaque personnage est une esquisse unidimensionnelle), tout sonne faux comme une sonate boiteuse pour guimbarde seule.

Simpliste et désuet comme son point de vue sur les familles névrotiques qui peuplent les virages (dont la passion compensatoire cache forcément d’atroces fêlures), le film sous-écrit de Liebman s’accroche en vain à un humour vieille école qui ne le sauvera malheureusement jamais des eaux usées dans lesquelles il baigne joyeusement.