Tous perturbés !
Le 9 mai 2007
Une histoire d’amour compliquée dont on se plaît à souhaiter qu’elle ne finisse pas trop mal. Un petit régal.


- Réalisateur : Margarethe von Trotta
- Acteurs : August Diehl, Katja Riemann, Armin Mueller-Stahl
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Date de sortie : 9 mai 2007

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– Durée : 1h44mn
– Titre original : Ich bin die Andere
Une histoire d’amour compliquée dont on se plaît à souhaiter qu’elle ne finisse pas trop mal. Un petit régal.
L’argument : La veille de son rendez-vous avec son cabinet d’avocats conseil, le brillant ingénieur Robert Fabry fait la connaissance, dans la hall de son hôtel, de Carlotta. Une jeune femme avec laquelle il passe la nuit pour se rendre compte, le lendemain, qu’elle n’est autre que Carolin Winter, l’avocate en charge de son dossier.
Notre avis : Je suis l’autre est une fiction délicieuse de perversité qui explore les rapports viciés d’un père et d’une fille et la relation amoureuse trouble d’une femme et d’un homme. Perversité d’un père dominateur, Karl Winter, campé par l’excellent comédien allemand Amin Mueller-Stahl. L’unique source de satisfaction de ce patriache, en chaise roulante, est de maintenir sous son emprise son petit monde : une ancienne maîtresse, son homme à tout faire, sa femme et surtout sa fille Carolin, alias Katja Riemann qui donne une vraie consistance à son personnage. Il a fait de cette brillante avocate une "chose" à son service, une femme profondément pertubée qui n’a trouvé de salut que dans la schizophrénie. La sage et prude Carolin, le jour, succède à une Carlotta sensuelle et aux mœurs très libéreés la nuit. Je suis l’autre s’engage ainsi dans les méandres de l’esprit d’une femme dont les rapports avec son père ont conditionné ses relations avec les hommes. Comme dans Les sœurs (1979), Margarethe von Trotta analyse, à la lumière de sa caméra, les effets d’un choc psychologique sur la personnalité d’un individu. L’amour fou de Robert Fabry (August Diehl) pour Carolin-Carlotta, vient remettre en cause l’équilibre précaire de la jeune femme et agite tous les secrets d’une famille qui semblait a priori parfaite.
La cinéate allemande imprime à son film, adapté du livre Ich bin die Andere de Peter Märthesheimer, scénariste de l’iconoclaste réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder (sous la direction duquel la réalisatrice a joué autrefois), un rythme qui oscille toujours entre le prévisible et l’inattendu. Le dénouement de chaque scène paraît une évidence mais la surprise est, à chaque fois, au rendez-vous. La réalisatrice allemande arrive ainsi, contre toute attente, à susciter une attention constante pour cette histoire de fous, au propre comme au figuré. On se retrouve alors, tour à tour, à éprouver de la compassion pour l’amoureux transi et de l’empathie pour cette fille-femme maltraitée par un père à la rancune si tenance. Je suis l’autre est une expérience singulière qui mérite d’être menée par tous les cinéphiles qui aiment les histoires d’amour (bien) compliquées.