No future
Le 24 mars 2009
Entre réalisme social et poésie, Titov Veles est un film hybride, paradoxal et pour le coup étonnant.
- Réalisateur : Teona S. Mitevska
- Acteurs : Labina Mitevska, Ana Kostovska, Nikolina Kujaca
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 25 mars 2009
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– Durée : 1h42 mn
– Titre original : Jas sum od Titov Veles
Chez les Mitevska, tout est affaire de famille : tandis que Teona réalise, Labina joue et produit et leur frère, Peter, intervient comme directeur artistique. Le résultat de cette belle preuve d’intelligence familiale est un film hybride, paradoxal et pour le coup étonnant.
L’argument : Que vous reste-t-il quand vous avez passé votre vie à vivre pour les autres, et qu’ils partent ?
L’histoire de trois sœurs : Sapho, la plus jeune, atteinte de la maladie des temps modernes, qui la pousse à changer de mec dans l’espoir de changer de vie ; Afrodita, la jumelle de Sapho, qui ne parle pas en raison d’un problème physique ; et Slavica, 35 ans, l’aînée, qui travaille dans une usine.
Le film traite de la relation passionnée entre ces sœurs et de leur tentative de changer leur vie dans ce monde misérable.
- © Silkroad Production
Notre avis : Bien qu’ancré dans le profond tissu industriel de la Macédoine (avec tout ce que cela suppose de dommages collatéraux : crise sociale, environnementale...), Je suis de Titov Veles est un film lumineux, empli de poésie. Celle-ci émane du travail sur l’image du chef opérateur, tant sur les scènes de la vie quotidienne que sur la mise en scène des rêves, avec un gros effort fourni sur l’harmonisation des costumes et des décors (prépondérance des tons pastels et printaniers). La touche poétique trouve aussi sa source dans le personnage de la plus jeune des trois sœurs qui animent le récit. Interprétée par Labina Mitevska, la cadette, mi-fée mi-clown blanc, vit par procuration, à travers ses rêves. Elle est de par son mutisme revêtue (quand bien même elle affiche une prédilection pour la nudité) d’une pureté originelle qui la protège de la souillure de l’usine.
- © Silkroad Production
Les trois sœurs apparaissent un temps comme les trois triplettes de Belleville. On pourrait ainsi imaginer le trio vivre à tout jamais dans la maison familiale, faisant cause commune contre les hommes, par ailleurs rares et peu tendres avec elles. Mais le désir impérial des deux sœurs aînées de fuir ce marasme (l’une reçoit un visa, l’autre une demande en mariage) fait basculer cet équilibre acquis de haute lutte, rompant par là-même le rythme du métrage.
- © Silkroad Production
Le réalisme social cède alors la place à l’horreur, le rêve au cauchemar. Symboliquement, les coccinelles bucoliques disparaissent au profit des mouches attirées par l’odeur de décomposition. Leur monde devient déliquescence. Ce qui était présenté en filigrane dès le début (la pollution dégagée par l’usine ronge toute la ville, habitants compris), envahit alors toute l’image.
Au final, Je suis de Titov Veles offre un voyage hybride, aux écarts de rythme et de ton propres au cinéma de l’Est. Intéressant à bien des égards.
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