On peut mener une vie de couple sans failles et se retrouver brusquement dans une tourmente destructrice, comme si le plafond de la maison s’écroulait soudain sur votre crâne. C’est ce qui arrive au narrateur du nouveau roman de Nicolas Fargues, un type tout ce qu’il y a de plus ordinaire, marié et père de deux enfants, dont la vie sentimentale bascule brusquement.
L’amorce d’une idylle avec une chanteuse (rien de sexuel dans cette affaire) offre à sa femme un prétexte vengeur pour se réfugier dans les bras d’un autre. Le couple habite à Tanambo, Madagascar. Alors, plutôt que de se morfondre et histoire de changer d’air, il rejoint ses parents en Italie pendant quelques jours. C’est là qu’une jeune fille, assise derrière lui dans un restaurant, va lui dire toute son attirance. La passion sera brève et violente, démesurée, intense. Logiquement, son retour près de sa femme sonnera le début d’une guerre d’usure et de mensonges, allant jusqu’à la perte, l’humiliation et la douleur.
Evidemment, ces thèmes ont été maintes fois ressassés. Mais ils sont ici magnifiés par un style parfaitement maîtrisé et un regard désinvolte, cruel et cynique, celui d’un narrateur pas si innocent qu’il en a l’air. Fargues apostrophe son lecteur, l’implique comme un ami dans cette quête déroutante de l’autre. Plongée introspective écrite sans pudeur, ce récit passe du désenchantement à l’espoir, révélateur d’une génération de trentenaires naviguant entre enthousiasme et résignation, cherchant (en vain ?) à entretenir la flamme passionnelle malgré les vents contraires.