Le 16 mars 2017
Un documentaire sensible sur l’Islam, entre tradition et modernité.
- Réalisateur : Bénédicte Pagnot
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 1h42min
- Date de sortie : 22 mars 2017
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Résumé : D’Ispahan à Sidi Bouzid, en passant par Jérusalem, Cordoue, Dubaï… le film invite à un voyage en Islam. Islam avec un I majuscule, comme celui qu’Abdelwahab Meddeb a eu à cœur de faire connaître. La réalisatrice prolonge la voie tracée par le poète et intellectuel franco-tunisien aujourd’hui disparu pour qui « une des façons de lutter contre l’intégrisme est de reconnaître à l’Islam sa complexité et ses apports à l’universalité ». Une navigation entre passé et présent, histoire et politique, musique et poésie.
Notre avis : Le beau documentaire de Bénédicte Pagnot est tout à la fois le portrait de l’écrivain et universitaire Abdelwahab Meddeb, décédé en 2014, et une pérégrination à travers des pays de tradition musulmane, comme la Tunisie, l’Iran ou l’Arabie Saoudite, ou des territoires multi-confessionnels, comme Israël. Guidé par la voix de l’intellectuel tunisien, le film ne privilégie pas un axe chronologique, pour laisser aux mots de Meddeb la constance de leur pertinente modernité, en particulier lorsque les différents attentats perpétrés par les fanatiques religieux les lestent d’une évidence : non, le Coran n’est pas univoque, mais "ambivalent et complexe" et ceux qui l’interprètent pour lui donner une vocation guerrière l’amputent de sa si belle polysémie. "Il y a la part conjoncturelle du Coran qui est peut-être caduque et la part éternelle, celle de la métaphysique", rappelle la voix qui animait l’émission Culture d’Islam, sur France Culture.
L’un des objectifs de Pagnot est de privilégier la distinction opérée par Meddeb entre la religion musulmane et la civilisation islamique dont l’immense influence est déclinée à travers la littérature ou les sciences, par exemple.
Ainsi, ce documentaire illustre-t-il par l’image cette double approche, qui articule la dimension civilisationnelle et politique de l’Islam. Les tensions avec d’autres religions ne sont pas éludées, bien évidemment, en particulier lorsque la réalisatrice suit une jeune palestinienne d’Hébron, qui, de check-point en check-point, parvient jusqu’à la mosquée où elle se recueille. En creux, ce film déroule aussi une sorte de parcours initiatique, grâce auquel la réalisatrice tente de répondre aux questions qu’elle se pose et dont cette oeuvre ne constitue pas une réponse globale, sur le mode du prêt-à-penser. On sent que la caméra incarne également, par des travellings plus ou moins languides le plaisir d’explorer d’autres paysages, au sens propre du terme. Au bout du compte, même si elle tord le cou à certains clichés et pourfend le choc des civilisations cher à Samuel Huntington, Bénédicte Pagnot célèbre surtout la vie terrestre et l’amour de la liberté. De nombreux intervenants, questionnés par la réalisatrice, réussissent à allier la tradition et la modernité et satisfont ainsi le souhait maintes fois exprimé par Meddeb, chantre d’un Islam libéral, à travers ses chroniques.
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