Le 27 octobre 2012
- Scénariste : CHARLOT, Philippe
- Série : Bourbon street, Train des orphelins (le)
Cette semaine sur Bedeo, Philippe Charlot vous parle : interview et speedview au programme.
Philippe Charlot, 52 ans, est un jeune scénariste de BD. Musicien de formation et de métier, Philippe Charlot est venu à la bande dessinée il y a 4 ans avec Bourbon street, une BD qui parle de... musiciens (voir la critique) et qui a gagné en 2011 le prix Bedeo de la bande-annonce BD. Ce mois-ci est également sorti chez Grand Angle (Bamboo) le tome 1 du Train des orphelins et en mai dernier Harmonijka chez Glénat. Interview d’un auteur aux histoires fortes, sensibles, musicales...
Bourbon street parle de musiciens en âge d’être à la retraite qui repartent sur la route pour une dernière tournée. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
C’est un sujet qui me tient à cœur. Parmis les musiciens que je fréquente régulièrement, plusieurs arrivent à l’âge de la retraite. Et je trouvais le thème intéressant. Ca veut dire quoi un musicien à la retraite ? Ca veut dire qu’il pose son instrument ? J’ai travaillé, il y a quelques années, avec un chanteur, qui a eu une belle carrière mais dont je préfère taire le nom et qui était assez âgé. Il voyait Cesaria Evora, le Buena vista social club, etc. et un jour il m’a dit « tu vois la mode est aux vieux ». L’idée m’a bien plue.
Le narrateur de Bourbon street est un fantôme (celui de Louis Armstrong). Vous croyez aux fantômes ?
J’aimerais bien y croire (rires). Ca pourrait être sympa, s’ils sont cools avec moi bien sûr (rires). Plus sérieusement, je voulais un narrateur à tout prix. C’était une petite sécurité pour moi. Car je viens plus du texte que de l’image. Ca donnait un côté plus littéraire. Mais sur le Train des orphelins je n’ai pas de narrateur. On est pas dans le même style de découpage. Bourbon street c’est plutôt un road movies sur un rythme de vieillard (rires).
Comme c’était mon premier scénario de BD le narrateur me semblait indispensable pour poser le rythme, raconter ce qu’on ne peut pas dire dans une bulle. Louis Armstrong m’a semblé parfait pour ce rôle : il est omniscient et les gens connaissent Louis Armstrong donc ça donne déjà un ton au récit.
Pour la petite anectode la première version se passait dans le milieu du tango à Bueno Aires. Le premier narrateur était le fantôme de Carlos Gardel.
Et qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
C’est une discussion avec Hervé Richez (Directeur éditorial de Bamboo NDRL) , qui était intéressé par ce que j’écrivais mais qui n’était pas passionné par l’Amérique du sud. L’histoire des vieux musiciens me plaisait beaucoup et je me suis dit que ça pouvait très bien se passer dans le milieu du jazz. Milieu que je connais, en plus, beaucoup mieux. C’était plus cohérent avec moi même. Et en plus j’avais un fantôme bien plus amusant que celui de Carlos Gardel, qui n’est jamais qu’un beau ténébreux que tout le monde a oublié (rires).
Vous allez continuer à écrire des scénarii de BD ?
Oui. La musique me laisse beaucoup de temps. J’ai pas mal de projets BD.
Déjà le Train des orphelins qui sera en 4 tomes (2 cycles de 2 tomes qui pourront se lire indépendamment).
Et puis, actuellement je travaille sur un documentaire sur le phénomène du Train des orphelins avec la réalisatrice Maïana BIDEGAIN. Ce projet est déjà bien avancé puisque j’ai déjà fait 2 voyages pour enquêter sur le sujet. Et d’ailleurs, je lance un appel : nous sommes à la recherche d’une production.
La critique a été assez unanime sur Bourbon street, vous vous y attendiez ?
Pas du tout ! J’ai été un peu surpris car j’arrivais de nulle part. On est pas dans un gros succès de ventes mais suffisamment pour que l’éditeur ne perde pas d’argent.C e qui n’est déjà pas si mal. C’est vrai que le bon retour des critique m’a fait rentrer de plein pied dans le monde de la BD. Ca m’a permis, quand je contactais les éditeurs, d’être regardé avec un minimum d’intérêt. J’avais tout de même très peur que les gens ne comprennent pas où je voulais en venir. Hervé Richez et Alexis Chabert m’ont beaucoup soutenu pendant ces périodes de doute. Et j’appréhendais un peu les critiques qui ont parfois la dent dure (rires).
Comment s’est passé votre rencontre avec Alexis Chabert ?
Je débarquais dans le monde de la BD et je n’avais pas de dessinateur attitré donc. Nous avons fait passer des essais à des dessinateurs avec Hervé Richez. Ca a pris 6/8 mois. Le choix a été difficile. Alexis est également musicien, il fait donc très attention à la position des mains , des corps par rapport aux instruments. C’était important pour moi ce souci du détail.
Bourbon street est une BD qui fait penser à un story-board. On voit très bien ce que cela pourrait donner comme film. Vous y pensez parfois ? Adapter les BD au cinéma est très à la mode depuis quelques années...
Dans l’absolu s’il y avait une proposition je serai plus que ravi ! Je suis d’accord qu’on pourrait en faire un film très sympa avec Clint Easwood dans le rôle d’Alvin et Morgan Freeman dans le rôle de Cornelius (rires). C’est vrai que quand j’ai fait ce projet là je pensais plus en terme d’image q’en terme de BD. Ce qui n’a pas été le cas avec le Train des orphelins où j’ai vraiment travaillé avec des images BD dans la tête.
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