Le 1er février 2021
- Réalisateur : Caroline Vignal
- Acteurs : Marie Rivière, Laure Calamy, Benjamin Lavernhe, Olivia Côte
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Dark Star
- Durée : 1h37mn
- Festival : Festival de Cannes 2020
Entretien réalisé à l’occasion de la sortie du DVD "Antoinette dans les Cévennes" de Caroline Vignal, le 2 février 2021.
Interview de la réalisatrice Caroline Vignal, à l’occasion de la sortie en DVD /Bluray/VOD de son deuxième long métrage "Antoinette dans les Cévennes", l’un des plus beaux succès de la rentrée de septembre 2020.
Résumé : A Paris, Antoinette (Laure Calamy), institutrice, se cache de ses élèves tous en T-shirt noir, pour enfiler une robe à paillettes. Ils sortent dans la cour de la classe pour donner leur spectacle de fin d’année devant les parents d’élèves : ils interprèteront "Amoureuse" de Véronique Sanson, ce qui surprendra quelque peu l’auditoire. Un des parents, Vladimir (Benjamin Lavernhe) la rejoint ensuite dans sa classe : ils sont amants et devaient partir en vacances ensemble une semaine. Malheureusement, Vladimir lui annonce que sa femme, au dernier moment, a modifié ses projets de vacances.
- Julien Panié Chapka films
aVoir-aLire : Comment avez vous eu l’idée du film ? Et quel est l’apport du livre de Stevenson* cité dans le film ?
Caroline Vignal : L’idée m’est venue il y a une dizaine d’années, lors d’un séjour touristique dans les Cévennes. J’y ai fait un périple en famille, et comme dans le film, avec un âne. J’ai beaucoup apprécié ces vacances et découvert un paysage exceptionnel.
Le lien avec Stevenson (*) s’est fait plus tard, au moment de l’écriture du scénario où j’ai trouvé quelques similitudes entre l’histoire que j’écrivais et le livre de l’auteur anglais.
* "Voyage avec un âne dans les Cévennes" ("Travels with a Donkey in the Cévennes" 1879) de Robert-Louis Stevenson.
aVoir-aLire : Ne pensez vous pas que la sortie de votre film est tombée au bon moment, comme une bouffée d’oxygène post (premier) confinement ? Et que ce contexte ait participé à son succès ?
Caroline Vignal : Oui, en partie. Chaque année, les citadins de retour de vacances regrettent le "retour au clapier", et sont heureux quand ils découvrent la sortie d’un film qui le leur rappelle d’une manière ou d’une autre. Mais, c’est vrai aussi que la rentrée 2020 si particulière post-confinement a sûrement joué en faveur de mon film, qui se déroule presque toujours en plein air. Il est à souligner que mes producteurs ont eu le courage, contrairement à d’autres, de le sortir en septembre. Quoi qu’il en soit, j’en suis très heureuse, car dans cette année dramatique pour la fréquentation du cinéma, Antoinette a recueilli autour de 750.000 entrées.
aVoir-aLire : Comment est venue l’idée de la chanson "Amoureuse" de Véronique Sanson ?
Caroline Vignal : Déjà, c’est une belle chanson d’une artiste que j’apprécie beaucoup. Et c’est une chanson sur l’adultère (rires). Plus sérieusement, je voulais montrer très vite la personnalité et la situation d’Antoinette. Et j’aime assez le décalage à faire reprendre en chœur cette chanson par des enfants, qui ne relèvent probablement pas le message contenu dans les paroles.
aVoir-aLire : Avez vous écrit en pensant à Laure Calamy, qui, je me permets, illumine votre film ?
Caroline Vignal : Non. D’une manière générale, je n’arrive pas à créer un personnage à partir d’un acteur ou d’une actrice en particulier. Mais c’est vrai que son nom m’est venu à l’esprit en cours d’écriture. Il a fallu un peu batailler avec la production pour l’imposer, non pas qu’elle doutait du talent de l’actrice, mais parce qu’elle pensait qu’elle n’était pas assez célèbre pour assumer une tête d’affiche. Je suis bien contente d’avoir insisté pour l’imposer : elle incarne tout à fait la personnalité que j’avais imaginée : un bel abattage qui cache une réelle fragilité.
aVoir-aLire : On peut relever des références à Billy Wilder et sa Garçonnière et au Stromboli de Rossellini. Y’en a-t-il d’autres ?
Caroline Vignal : Oui, on peut passer très vite sur "La garçonnière" qui est plutôt un clin d’œil : j’aime énormément Jack Lemmon et, dans ce film, il vit comme Antoinette un amour impossible. Par contre, la référence à Stromboli que Roberto Rossellini a tourné en 1950, qui mettait en scène une Ingrid Bergman qui doit, à un moment, gravir seule une montagne, est tout à fait assumée. C’est un film qui m’a beaucoup marquée quand je l’ai découvert, avec son superbe portrait de femme. Modestement, je trouve qu’on trouve chez le personnage de Laure Calamy une résonance à celui d’Ingrid Bergman.
aVoir-aLire : C’est, me semble-t-il, votre premier film avec des acteurs professionnels. Quelle est votre ressenti ?
Caroline Vignal : Dans mon premier film, seul Bernard Menez était réellement acteur professionnel. Cette fois, confrontée à des professionnels uniquement, j’ai tout d’abord été intimidée en pensant (à tort) que j’allais être confrontée à tout un tas de problèmes d’ego. Et puis, pas du tout ! Tout s’est bien déroulé, dans une bonne ambiance selon moi, et je trouve que je n’ai pas eu de mal à m’imposer.
aVoir-aLire : La présence de l’actrice Marie Rivière n’est pas due au hasard ?
Caroline Vignal : Ah non, ce n’est pas du tout un hasard. Elle était l’actrice principale du film Le rayon vert d’Eric Rohmer. Je l’avais vu toute jeune à sa sortie au cinéma en 1986, et c’est, je peux le dire, le film qui a déclenché ma vocation de cinéma. Après la projection, je me suis précipité sur Les Cahiers du Cinéma qui consacrait un article à Eric Rohmer. J’ai été très heureuse de pouvoir faire jouer Marie Rivière. Même si elle n’y fait qu’un petit rôle de marcheuse, elle est un peu comme la bonne fée d’Antoinette pendant le périple dans les Cévennes.
aVoir-aLire : Est il compliqué de travailler avec un animal ?
Caroline Vignal : En fait, il y en avait deux (des ânes), pour ne pas trop les fatiguer et un peu par sécurité. Il s’est avéré qu’ils étaient tout à fait complémentaires. L’un, plutôt introverti, était très bon dans les moments d’émotion, et l’autre, plus extraverti, habitué à faire des tours en spectacle, plus cabotin, était parfait pour les scènes "d’action". C’est ce dernier que sa soigneuse a réussi à faire braire dans la scène adéquate, mais ça n’a pas été aussi simple !
aVoir-aLire : Pourquoi une chanson de Dean Martin a-t-elle été choisie pour le générique de fin ?
Caroline Vignal : J’adore cette chanson (*). Elle était déjà fredonnée à un moment du film dans une scène de terrasse de bistrot. Mais je pensais que les droits d’auteur seraient exorbitants. Or, après renseignements, non ! Nous avons donc pu l’intégrer en totalité au générique de fin.
* La chanson "My Rifle, My Pony and Me" (Dimitri Tiomkin/Francis Paul Webster) a été créée en 1959 pour être chantée en duo, dans le film Rio Bravo, de Howard Hawks, par Dean Martin et Ricky Nelson qui y interprètent deux personnages.
A noter que la musique de Dimitri Tiomkin, sans paroles, avait déjà été utilisée en 1948 dans La rivière rouge ("Red River"), autre western également réalisé par Howard Hawks. Dans les deux films, on retrouve John Wayne dans le rôle principal.
aVoir-aLire : Pouvez-vous nous parler de la sélection de votre film au festival de Cannes 2020, même si, finalement, celui-ci n’a pas eu lieu ?
Caroline Vignal : Pour une première fois, on demandait aux cinéastes retenus, dans quelle section cannoise ils se verraient bien. Pour ma part, je penchais plutôt pour "Un certain regard". Mais bon, comme tout a été annulé pour cause de confinement... Néanmoins, le film reste une sélection "Cannes 2020" et le logo apparaît sur l’affiche.
aVoir-aLire : Peut on connaitre vos projets de cinéma ?
Caroline Vignal : Je suis actuellement en cours d’écriture.
C’est tout ce que je vous dirai pour le moment, je préfère ne rien en dévoiler.
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