Gorge très profonde
Le 30 octobre 2008
Retour sur le film-phénomène de Damiano. Passionnant.


- Réalisateurs : Fenton Bailey - Randy Barbato
- Genre : Documentaire, Érotique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan (éditeur DVD)
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 27 juillet 2005

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Retour sur le film-phénomène de Damiano. Passionnant.
L’argument : Considéré comme le film le plus rentable de tous les temps, Gorge profonde fut bien plus qu’une curiosité pour adultes et une réussite financière. Sorti en 1972, au moment où les Etats-Unis découvraient les mouvements pour la libération sexuelle et les valeurs de la contre-culture, ce film au contenu sexuellement explicite déclencha une tempête sociale et politique sans précédent.
Gorge profonde devint un phénomène culturel majeur, dont l’impact se ressent encore aujourd’hui. Plus de trente ans après les scandales provoqués par ce classique du cinéma porno, le documentaire Inside Deep throat examine l’incroyable abîme entre les modestes intentions des créateurs du film et l’héritage qu’ils ont involontairement laissé.
Notre avis : Fruit de la contre-culture, Gorge profonde appartient au cercle très fermé des films les plus rentables de l’histoire du cinéma. Ancien coiffeur pour dames new-yorkais, Gerard Damiano, le réalisateur, a tourné ce film pour 25 000 dollars et en seulement six jours. Il met en scène l’histoire de Linda qui découvre que son clitoris est situé dans sa gorge. De ce postulat de base farfelu, Damiano a tissé un film X estampillé culte qui a généré pas moins de 600 millions de dollars de recettes à travers le monde. Sorti dans les salles au début des années 70, le film provoque un scandale à tel point que les acteurs passent en jugement. En filigrane, le documentaire radiographie un pays dépassé par son propre puritanisme.
Pendant toutes ces années, Gorge profonde est devenu un phénomène de société et a influé sur les mœurs des contemporains d’un point de vue politique, social et moral. On sait gré aux chevronnés documentaristes de ne pas avoir cédé à l’exécution sagement scolaire d’autant que le traitement, pertinent et profond, propose des images d’archives éloquentes, alternant avec des extraits - hilarants - du film. Indirectement, on peut voir, à travers ce miroir aux alouettes, une réflexion sur la conséquence des actes, et par extension un regard sur l’évolution du X des années 70, avec des films auteurisants, à aujourd’hui où il est devenu, presque malgré lui, une industrie bouchère. Constat édifiant.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Classé X, à l’inverse de ce que peut laisser penser la jaquette, n’est pas une série de documentaires créés pour les besoins de cette édition. Il s’agit en fait des scènes non retenues au montage final de Inside Deep throat, d’où un intérêt un peu limité. On en sait un peu plus sur les différents procès qui ont parsemé la carrière de Deep throat (Binghamton, Los Angeles, Princeton), sur Linda Lovelace après le scandale du film, sur la perception de la pornographie ou encore sur le rôle de la mafia dans l’historique de ce classique. Rien de transcendant... Les commentaires audio, assurés par les producteur et réalisateur Fenton Bailey et Randy Barbato, souffrent d’une évidente redondance (décrypter un documentaire qui, lui-même, décrypte le phénomène autour d’un film). Mais leur enthousiasme et quelques anecdotes sur la production de Inside Deep throat les sauvent du naufrage.
Image & son : Magnifique transfert qui supporte largement les images d’origine qui émaillent Inside Deep throat : granuleuses, désaturées, surexposées. Le super 8, la vidéo, le 35mm se fondent dans une harmonie sidérante. Grand luxe pour le son avec du Dolby Digital pour l’anglais et le français.