Inside the Deep throat bis
Le 7 janvier 2014
Lovelace, film identitaire sur fond abrupt de révolution féministe et de libération sexuelle, surfe sur la tendance vintage et, paradoxalement, dépoussière le modèle traditionnel de la vague « indé » américaine.
- Réalisateurs : Rob Epstein - Jeffrey Friedman
- Acteurs : Sharon Stone, Peter Sarsgaard, James Franco, Robert Patrick, Amanda Seyfried, Juno Temple
- Genre : Drame, Biopic
- Date de sortie : 8 janvier 2014
Lovelace, film identitaire sur fond abrupt de révolution féministe et de libération sexuelle, surfe sur la tendance vintage et, paradoxalement, dépoussière le modèle traditionnel de la vague « indé » américaine.
L’argument : A la fin des années 60, Linda étouffe au sein de sa famille que sa mère, aussi rigide que ses principes religieux, dirige d’une main de fer. C’est une belle fille de 20 ans, prête à embrasser la vie avec enthousiasme malgré sa timidité et sa naïveté.
Quand elle rencontre Chuck Traynor, elle ne résiste pas à son charisme viril, quitte le domicile familial pour l’épouser et fait auprès de lui l’apprentissage d’une liberté qu’elle soupçonnait à peine.
Chuck la persuade de ses multiples talents et l’incite à se laisser filmer lors de leurs ébats. Amoureuse et soumise, elle accepte de jouer quelques scènes d’un film pornographique.
Quelques mois plus tard, en juin 1972, la sortie sur les écrans de GORGE PROFONDE fait d’elle du jour au lendemain une star unique.
Vivement encouragée par Chuck, Linda saisit à bras-le-corps sa nouvelle identité de reine de la liberté sexuelle.
Notre avis : Bien décidés à contrer l’évidence, les réalisateurs Jeffrey Friedman et Rob Epstein, oscarisé pour Harvey Milk, balayent d’un coup d’un seul vulgarité et provocation en enveloppant Lovelace d’un ton juste, presque noble au-delà du charnel, à l’instar du protagoniste. Le film entier loue la personnalité de cette jeune femme ordinaire que le hasard d’une mauvaise rencontre a conduite à la pornographie. Le titre du métrage pour adultes n’a alors d’égal que son égérie, dont la « profondeur » de l’âme n’est plus à débattre.
© Hélios Films
Pourtant, le grain très rétro de l’image n’épargne rien aux personnages. Par son authenticité, la photographie de Eric Edwards, qui a signé les clips des plus grands (Michael Jackson, Elton John, Donna Summer), magnifie la déchéance humaine et la perte de repères, jusqu’à la négation de soi et le regain de légitimité.
Le scénario brise le principe conventionnel de linéarité puisque le film se divise en deux tableaux, symboles de la double vie qu’a menée Linda Lovelace. En première partie, l’héroïne semble maîtriser son destin, en deuxième incarner une résistance infaillible envers la violence conjugale, viols et prostitution à la clef. L’envers du décor, littéral, par la cloison qui sépare les deux chambres d’hôtel lors de la petite « sauterie » célébrant l’achèvement du film, est sans appel.
© Hélios Films
Faussement immaculée, telle la robe blanche qu’elle revêt lors de la première de Gorge Profonde, Linda est avant tout l’icône de la femme enfant dotée d’un mental d’acier, très éloignée de l’objet de désir qu’elle représente dans son film. Et le contraste est saisissant, Amanda Seyfried ne cillant à aucun moment devant la dualité de cette interprétation. Le casting (Sharon Stone, James Franco, Juno Temple, Debi Mazar...) frôle d’ailleurs la perfection. Est-ce à dire que Lovelace et le don de Rob Epstein pour les portraits sulfureux suivront le parcours exemplaire – enfin, façon de parler – de Harvey Milk ?
Lire aussi la critique du documentaire sur Gorge Profonde
© Hélios Films
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Frédéric Mignard 16 décembre 2013
Lovelace - la critique du film
Un biopic, qui restitue esthétiquement finement son époque, mais aussi la psychologie fragile de personnages féminins écrasés par le poids d’une éducation qui les étouffe au coeur d’une société phallocrate complaisante.
Les intentions passées, l’exercice est cinématographiquement limité. Si Amanda Seyfried est pour une fois autre chose qu’une figure de romance fade, Sharon Stone, elle, semble un peu figée dans le marbre d’un personnage froid, quand James Franco est en roue libre, surjouant avec vulgarité un personnage amoral. Il ne fait d’ailleurs plus que cela. Pour se faire pardonner l’imbuvable Oz ?