Beau fixe sur le ciné
Le 28 juillet 2004
Épique, cocasse, tout feu tout flamme, Guégan nous embarque dans ses années 60 cinéphiliques et glorieusement incorrectes.
- Auteur : Gérard Guégan
- Editeur : Sabine Wespieser
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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En sandwich entre une scène d’ouverture poignante, présentant un Sterling Hayden clochardisé remâchant sa trahison devant les sbires du maccarthysme, et une biture homérique en compagnie de Sam Peckinpah à la recherche d’une nymphette de moins de quatorze ans, les jeunes années d’un Marseillais monté à Paris, communiste par atavisme familial, révolutionnaire par essence, utopiste chronique, dogmatique à ses heures, partisan de la mauvaise foi assumée et du politiquement incorrect, franc-tireur tombé à l’adolescence dans la marmite de la cinéphilie. Ceci dit en préambule pour comprendre que Gérard Guégan n’a jamais été un minet comme les fabriquait cette époque révolue, mais un pur produit de sa passion pour les idées subversives, celles qui pourraient faire changer le monde.
Racontés à toute vapeur avec un humour pétaradant, ces temps où les chapelles cinéphiliques se jetaient des anathèmes, où l’on se brouillait à mort pour un mot de travers. On y rencontre aussi bien Godard que Welles, Leenhardt que Truffaut, Burroughs que Debord. Certains en prennent pour leur grade, Guégan étant parfaitement allergique à tout ce qui pourrait s’apparenter à un quelconque cirage de pompes. Mais le plus beau de l’affaire, c’est qu’aucun désenchantement ne vient ternir ce retour sur les années 60, pas une once de cette nostalgie de ce qui était et ne sera jamais plus, terreau de tant d’autobiographies. Guégan, la soixantaine passée, reste parfaitement inoxydable. A des années-lumière du genre de type qui aurait trouvé de l’apaisement dans le costard-cravate-attaché-case, il continue à prendre parti tout feu tout flamme, comme était inflammable la pelloche de ses jeunes années. Ce zigue non-conformiste, cinglant et ironique, qui continue à secouer le cocotier, qui défend le cinéma d’aujourd’hui contre tous ceux qui prétendent que de leur temps c’était mieux, voilà qui fait tout le sel de ce réjouissant petit bouquin, preuve éclatante qu’on peut vieillir sans devenir un vieux con.
Gérard Guégan, Inflammables, Ed. Sabine Wespieser, 2004, 186 pages, 16 €
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