Le 15 novembre 2021
Une critique sociale décevante sur la condition ouvrière en Iran, qui égratigne en même temps les atteintes régulières commises contre la liberté des femmes.
- Réalisateur : Abbas Amini
- Acteurs : Afshin Hashemi, Shirin Esmaeili, Tayebeh Nik-Azad
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Distributeur : DreamLab Films
- Durée : 1h34mn
- Titre original : Man inja hastam !
- Festival : Festival Nouvelles Images Persanes 2021
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– Année de production : 2020
Résumé : Le corps sans vie d’Amir est retrouvé en plein mouvement de grève des ouvriers des chantiers navals. Ibrahim, le frère de la victime, doit désormais s’occuper non pas seulement de sa mère sénile, mais également de sa belle-sœur et veuve, Salwa, une jeune femme qui ne le laisse pas indifférent.
Critique Après la sortie sur les écrans français du film Marché noir repoussée en 2022, Abbas Amini s’engage sur le terrain de la critique sociale. A la manière d’un Ken Loach, il dirige non sans courage une chronique sur la condition ouvrière en Iran où les salaires ne sont plus versés depuis des mois dans un contexte terrible d’inflation et d’embargo américain. Le long-métrage démarre par la mort d’un homme. Finalement, le scénario ne dit pas grand-chose de ce cadavre. A priori, il s’agit d’un malheureux accident de travail et l’employeur choisit la négociation pour éviter une sombre judiciarisation. L’enjeu principal pour le patron est de mettre fin aux grèves qui minent sa production, et envoyer aux équipes un message de compréhension et de paix. Mais la colère est immense. Le héros de ce film, Amir, en demeure la pure illustration. Il refuse de céder à l’offre généreuse des employeurs. Il continue malgré le deuil de se rendre au travail où la production s’essouffle et la grogne sociale monte.
- Copyright Dreamlab Films
I Am Here ! est un film assez hybride qui mélange tous les genres. Le propos prône avant tout une critique sociale sévère de la société iranienne qui tente de concilier les valeurs de modernité et la recherche d’un modèle économique rassurant. A cela s’ajoute une histoire d’amour assez confuse qui oppose ce frère peiné et la jeune veuve. Le doute s’installe assez vite, si le décès de l’ouvrier ne pourrait pas trouver une explication dans ce récit amoureux avorté. Mais le réalisateur ne creuse aucune de ces pistes. Il donne la voix à une Salwa libérée et déterminée à faire de sa vie un projet d’émancipation. Mais le rythme ne convainc pas vraiment. Le long-métrage s’alourdit de détours narratifs inutiles. On ne croit pas par exemple à l’allusion métaphorique à une célèbre sourate du Coran à travers une vache malade que la famille aimerait abattre. Le scénario en dit trop ou n’en dit pas assez. La complexité apparente des personnages dénote surtout des ratés de la mise en scène qui finissent par perdre le spectateur dans un dédale de dialogues.
- Copyright Dreamlab Films
On sera donc passé à côté de ce I Am Here ! pourtant prometteur quand on s’intéresse à la société iranienne. Si le long-métrage est un appel légitime lancé à travers le monde à reconsidérer l’embargo qui terrasse le peuple depuis des années, il ne semble pas vraiment à la hauteur d’une telle entreprise.
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