Human Frames - le test DVD

A travers dix thématiques percutantes, Lowave propose un panorama du cinéma expérimental et du cinéma "d’essai" actuel, en sélectionnant près d’une centaine de films asiatiques et européens. Une somme du contemporain.

Notre avis : C’est faute de mieux, faute d’un vocable plus précis, moins vague ou moins réducteur, que l’on attribue la qualification de « cinéma expérimental » à toutes ces images mouvantes qui ne s’apparentent pas au cinéma des sorties en salles, de la fiction et du documentaire bien identifiables et bien catalogués. Reléguées dans les collections de Beaubourg ou les projections spéciales des festivals qui y sont consacrés, ces images refusent obstinément de s’appareiller à leurs voisines, et subissent le sort qui est réservé à ce qui relève de la marge : indifférence soignée, dédain marqué ou à l’inverse, engouement inconsidéré et acritique. La montée en puissance de l’art vidéo, l’irruption des outils numériques dans les conditions de production des films – le homemade ou l’auto-produit qui ont bouleversé la possibilité même de fabriquer des films – n’ont fait que renforcer, lors de la décennie passée, la confusion du « tout expérimental », dont les codes formels et thématiques se voyaient tout à coup remis en question. Le coffret DVD proposé aujourd’hui par Lowave se donne humblement comme une entreprise de classification : un panorama circonscrit à une zone géographique large mais déterminée – l’Europe et l’Asie –, un ensemble de cinéastes issus de plusieurs héritages, employant différents médiums et moyens d’expression pour produire des formes non moins variées – des « films » qui ne rentrent pas bien dans leur catégorie –. Les thèmes abordés ont une portée universaliste – le désir, le bonheur, la solitude, etc. – ou une signification culturelle – le mono no aware, principe d’ « empathie envers les choses » propre à la sagesse extrême-orientale – ; le plaisir et le principe du catalogue, dès lors, consistent à décliner les facettes de ces thèmes à travers un répertoire de courts films hétéroclites, qui incarnent chacun une interprétation de la thématique.
L’audace du projet éditorial réside ainsi dans ce croisement du documentaire et du court-métrage « d’art », de l’expérimentation ‘classique’ sur pellicule (grattage, travail à la tireuse optique, etc.) et de l’exploration de la matière numérique. La diversité du panel implique, de fait, une fluctuation des formes et de leur intérêt réel – une situation qui correspond peu ou prou aux interrogations actuelles de ce « cinéma de la marge » qui se replie parfois sur ses ‘principes’ sans creuser véritablement de nouvelles pistes esthétiques. On parcourt ce trajet filmique selon ses goûts, en en éprouvant les limites et l’élasticité. Il faut néanmoins, à titre d’exemple, saluer l’aplomb nécessaire pour réunir autour d’une même thématique (l’impermanence) un documentaire pathétique sur l’irrévocabilité de la maladie chez un vieillard (Old Choi’s Film, de Bin Chuen Choi) et un bijou formel sur l’image rémanente et le fantasme (Magia, de Gérard Cairaschi). Autrement dit, une gageure.

Le DVD

Les suppléments

Avec 95 films rassemblés sur 10 DVD, l’ajout de suppléments confinerait presque à l’asphyxie ! Chaque DVD s’accompagne d’un livret bilingue anglais / français présentant l’enjeu du thème et des artistes qui l’illustrent.

Image

Il serait hasardeux d’évaluer une "qualité globale" de l’image, car à chaque film correspond son propre format et son propre support d’images (pellicule, DV, HD, etc.)... La grande réussite du coffret consiste donc plutôt à avoir respecté les supports spécifiques à chaque oeuvre, sans volonté d’aplanissement ou d’uniformisation des films.

Son>

Une seule piste stéréo est disponible sur l’ensemble des films présentés. On doute ici que tous les films soient mixés de la même manière...