Le 28 mars 2015
Une aimable pochade, joyeuse et rythmée, qui se regarde d’un œil attendri.


- Réalisateur : Charles Crichton
- Acteurs : Jack Warner, Valerie White, Alastair Sim, Joan Dowling
- Genre : Comédie
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 7 juillet 1948

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– Sortie DVD : le 7 avril 2015
– Année de production : 1946
Une aimable pochade, joyeuse et rythmée, qui se regarde d’un œil attendri.
L’argument : Joe Kirby découvre par hasard une bande de trafiquants dont le chef mystérieux utilise le "Trump", un journal pour enfants, pour transmettre ses ordres. Joe et ses copains mènent l’enquête.
Notre avis : Charles Crichton, réalisateur né en 1910, a beaucoup œuvré pour la comédie familiale anglaise, genre à peu près inconnu de ce côté de la Manche, et dont Hue and Cry, A Cor et à cri en français, est l’un des représentants les plus éloquents. Loin des grandes réussites de la Earling, comme Noblesse oblige ou Tueurs de Dames, il s’agit d’un croisement curieux du Club des Cinq et de la série américaine Our Gang, dans laquelle un adolescent, Joe Kirby, à la tête d’une invraisemblable troupe d’enfants, tombe par hasard sur un trafic de fourrures et le démantèle. C’est gentillet et naïf, à mille lieues des goûts adolescents d’aujourd’hui. N’empêche, le charme opère, et c’est attendri qu’on regarde ce témoignage d’une autre époque, succombant à son charme désuet.
Mais Crichton, qui connaîtra une fin de carrière en fanfare avec Un Poisson nommé Wanda en 1991, fait preuve d’un solide métier : cadrages travaillés, sens du montage et du rythme. Surtout, il joue à merveille avec les codes du film noir, rappelant ce que le genre doit à l’expressionnisme. La séquence de la visite à l’écrivain est un modèle de parodie, avec ses ombres portées, son grand escalier et ses contre-plongées. De même le très gros plan d’un bandit rongé par l’obscurité évoque maintes réussites du Noir. La virtuosité est certes un peu gratuite, mais elle donne à cette histoire anodine une ampleur qui devait séduire aussi les parents. Et comment ne pas parler d’une figure récurrente du film, le travelling avant qui isole un personnage lorsqu’il comprend un rouage de la machination ?
Mais pour nous, Hue and Cry a un charme supplémentaire : le film peut se lire comme une visite guidée d’un Londres disparu, encore marqué par les bombardements, avec ses quartiers populaires animés et ses maisons dévastées. Tourné en décors naturels, il témoigne d’un temps révolu, avec cette géographie quasi-documentaire qui en devient émouvante. Et le plan fugace d’un enfant mimant les bombardements apporte une gravité inattendue.
Ne prenons néanmoins pas trop au sérieux cette pochade joyeuse, qui se conclut par un final jouissif et proprement hallucinant où des centaines d’enfants s’attaquent aux malfrats. Et la toute dernière séquence, rappel de la première, tient du clin d’œil amusé, ce qui fait au fond tout le prix du film.
Les suppléments :
Outre la galerie photo et les filmographies, le DVD est accompagné d’un solide livret dû à Charlotte Garson, véritable mine d’informations et de pistes d’analyses.
L’image :
La copie est plutôt bien conservée, même si quelques parasites ou de rares plans tremblants ou charbonneux rappellent l’âge du film.
Le son :
La seule piste disponible, en VO Dolby Digital 2.0 mono, manque d’aération. Les dialogues et la musique sont assez étouffés, mais parfaitement audibles.