Le 14 novembre 2006
Un concert d’Hubert-Félix Thiéfaine est devenu une expérience triste et montre une version crédible du vieillissement.
Un concert d’Hubert-Félix Thiéfaine est devenu une expérience triste et montre une version crédible du vieillissement.
Il est des concerts beaucoup plus pénibles que d’autres. Il faut d’abord se rendre à ce fameux théâtre Jean-Vilar en empruntant le RER C, destination Les Ardoines, puis traverser la zone d’activité inactivée après dix-huit heures et parcourir les longues allées désertes communes aux banlieues parisiennes. Là, au bord d’une quatre voies, coincé entre des HLM gris, trône un bâtiment moderne, pas forcément laid, mais froid : le théâtre Jean-Vilar. La salle est complète, le son paraît bon, alors que le spectacle commence ! Hubert-Félix Thiéfaine entre en scène sur Cabaret sainte Lilith, version molle détachée, perdue. La suite sera à l’unisson. Thiéfaine n’est plus. Incapable de chanter sans son prompteur (et encore avec difficulté), incapable de communiquer avec son public, que se soit entre les chansons ou pendant, le chanteur exécute quelques mimiques ridicules, une langue salace fatiguée, un doigt mal placé dans l’œil de Dieu, des interludes prétentieux ("j’ai été le premier à chanter la révolte des banlieues") ou infantiles (séniles ?). Sur scène c’est la débandade, l’effeuillage d’une déchéance qui en plus de s’exhiber trouve un écho sidérant dans la salle où les spectateurs se plaignent de ne pouvoir danser et, effectivement, trois gorilles sont présents pour forcer tout volontaire au dance floor ou même à la position debout à faire corps avec son siège. La cerise sur le gâteau sera à l’initiative d’un membre du public (mais représentatif de l’ambiance générale) qui au moment de la présentation des musiciens s’exclamera "qu’est-s’qu’on’en a à foutre !" Alors je remonte mon col / j’appuie sur le starter / et je vais voir ailleurs... ailleurs...
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