Le 28 avril 2024
Un documentaire singulier et touchant sur le désarroi d’une certaine jeunesse à laquelle la Russie de Poutine n’apporte aucun espoir.
- Réalisateur : Marusya Syroechkovskaya
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Allemand, Suédois, Norvégien
- Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
- Editeur vidéo : La Vingt-Cinquième Heure
- Durée : 1h43mn
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 28 juin 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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– Sortie DVD : 2 avril 2024
Résumé : À seize ans, Marusya est déterminée à en finir avec la vie, comme beaucoup d’adolescent·e·s russes. Puis, elle rencontre l’âme sœur chez un autre millenial du nom de Kimi. Pendant dix années, ils filment l’euphorie et l’anxiété, le bonheur et la misère de leur jeunesse muselée par un régime violent et autocratique au sein d’une « Russie de la Déprime ». Un cri du cœur, un hommage à toute une génération réduite au silence.
Critique : Premier long métrage de la réalisatrice russe Marusya Syroechkovskaya, How to Save a Dead Friend avait été présenté à la section ACID du Festival de Cannes 2022, ainsi que d’autres festivals dont Angers et Visions du Réel. Il s’agit d’une expérience singulière, la jeune femme ayant décidé de finaliser ce projet deux après la mort de Kimi, son ex-époux, qui a toujours été son meilleur ami et l’être qui comptait le plus au monde pour elle. La cinéaste a fait le tri dans une multitude de rushes où elle avait filmé pendant une dizaine d’années l’existence du jeune homme, disparu en 2016. Au milieu des années 2000, Marusya était une adolescente dépressive et suicidaire. La rencontre avec Kimi, son alter égo, sauve la jeune fille du désespoir et lui donne de nouveaux élans de vie. Les soirées festives, les moments de tendresse, les trips musicaux tentent de faire passer les difficultés matérielles, d’autant plus que le régime de Poutine bride tout élan de créativité et de liberté chez la jeunesse.
- © 2024 Lightdox / La Vingt-Cinquième Heure / Sysfos Films / Docs Vostok. Tous droits réservés.
Après le mariage et les plus ou moins beaux jours, Kimi replonge dans les addictions (alcool, drogue, médicaments). Le post-ado lumineux devient un trentenaire usé, qui s’enfoncera dans un gouffre insurmontable, de séjours en hôpitaux psychiatriques en humiliations administratives. La réalisatrice par ce métrage lui rend un hommage qui est en même temps une catharsis, tout en faisant de Kimi l’emblème d’une jeunesse flouée et sans perspectives. Concernant le dispositif formel, Marusya Syroechkovskaya précise dans le dossier de presse : « Cette expérience m’a fait réfléchir à la nature d’un film en tant que média, qui capture le temps et qui maintient tout et tout le monde dans un espace collectif. En regardant les images filmées, j’avais l’impression de regarder des vieilles séquences d’actualité en temps de guerre. J’ai réalisé que, bien que ces personnes soient mortes il y a longtemps, elles sont toujours là, vivantes dans ces séquences. C’était peut-être aussi un moyen de sauver Kimi ? ».
- © 2024 Lightdox / La Vingt-Cinquième Heure / Sysfos Films / Docs Vostok. Tous droits réservés.
Elle a souhaité aussi rendre « hommage aux films de Gregg Araki et Harmony Korine, aux œuvres d’art de David LaChapelle et aux musiques post-punk, grunge, emo et witch house ». Se référant aux débuts de l’esthétique web des débuts, elle a tenu à cerner le portrait d’une génération progressivement muselée par le régime en place. Miroir de l’autodestruction de toute une nation, le récit de Kimi est réellement touchant. On pourra juste regretter que la réalisatrice n’approfondisse par le traitement des aspects de la politique russe hostile à la jeunesse. Car bien que l’on ne doute pas du caractère autoritaire et néfaste de ce régime, le mal-être de Kimi et des autres aurait pu également être présent dans d’autres pays, la jeunesse étant parfois sacrifiée au nom d’autres idéologies et principes, dont ceux de la rentabilité et de l’hyper-flexibilité. Cette réserve n’empêche pas d’apprécier ce petit bijou que Vingt-Cinquième heure a distribué en salle en 2023, avant une édition DVD le 2 avril 2024.
Le test DVD
Les éditions La Vingt-Cinquième Heure proposent un élégant DVD. Le visuel central de la jaquette reprend l’essentiel de l’affiche, à savoir un beau portrait de Kimi Morev sur fond bleu.
L’image
Les qualités visuelles du documentaire se retrouvent dans le DVD, qui utilise donc les images de Kimi Morev et Marusya Syroechkovskaya. Les références esthétiques de la réalisatrice (Gregg Araki, Harmony Korine, David LaChapelle...) peuvent également s’apprécier sur votre écran de télévision.
Le son
Le DVD est disponible en langue russe, avec sous-titres français et anglais, et comporte une version pour sourds et malentendants. Son 5.1. Rien à redire sur la dimension technique, fidèle au compétences de l’ingénieur du son Thomas Angell Endresen, du musicien Yngve Sætre et du compositeur Felix Mikensky.
Les suppléments
– Le boîtier du DVD contient aussi cinq Polaroïds du film. Une délicate et émouvante attention.
– Scène exclusive avec le frère de Kimi (5mn45). La réalisatrice filme le frère de Kimi en famille, le jour de son cinquantième anniversaire, en 2020 ; puis sur une plage. L’on apprend que depuis 2016, il est en convalescence après avoir arrêté la drogue. Les proches de Kimi sont-ils victimes du déterminisme ? Les images se terminent par un carton, How to save a friend, un « dead » barré étant mentionné entre le « a » et le « friend ». La réalisatrice préparerait-elle un nouveau film sur ce sujet ?
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