Le 20 juin 2023
Folle virée dans la campagne du Japon et conte de fée perverti, House est un joyeux jeu de massacre qui en annonce beaucoup d’autres.


- Réalisateur : Nobuhiko Ōbayashi
- Acteurs : Kimiko Ikegami, Miki Jinbo, Kumiko Ōba, Ai Matsubara, Mieko Satō, Eriko Tanaka
- Genre : Comédie, Fantastique, Épouvante-horreur, Teen movie, Film culte
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Potemkine Distribution
- Durée : 1h28mn
- Reprise: 28 juin 2023
- Titre original : Hausu

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– Année de production : 1977
Résumé : Une lycéenne rend visite à sa tante malade en compagnie de six amies. Isolées dans une grande demeure perdue au milieu de nulle part, les jeunes filles assistent à d’inquiétants événements surnaturels une fois la nuit tombée.
Critique : Elles ne commençaient pourtant pas si mal, ces vacances estivales… C’est vrai, quoi : aller passer l’été dans une maison isolée à la campagne est toujours une bonne idée quand on est un groupe de jeunes filles en fleur. Elles ignoraient que plusieurs d’entre elles ne reviendraient pas vivantes ; vous et moi, qui avons vu La colline a des yeux et Evil Dead, nous nous en doutions un peu…
Si filiation il y a entre House et les films de Craven ou Raimi, elle a néanmoins eu lieu dans l’autre sens, puisque cette étrangeté du méconnu Nobuhiko Ōbayashi date de 1977. L’horreur, ici, vient d’ailleurs moins d’un terrifiant extérieur que d’un intérieur anxiogène. Comme chez Edgar Allan Poe et son Cœur révélateur, l’épouvante est essentiellement domestique, et est avant tout la manifestation concrète d’un trauma, personnel ou sociétal – ici la Seconde Guerre mondiale.
Par certains aspects, House tient également du conte : les sept jeunes filles portent des surnoms équivoques (Kung-Fu, Mélodie, Belle…) comme jadis les nains de Blanche-Neige, un chat doté de pouvoir évoque irrésistiblement celui d’Alice au pays des merveilles, tandis que l’ombre de la marâtre, de la « mauvaise mère » de substitution ? plane sur le récit… Ōbayashi s’amuse même à subvertir la figure du prince charmant : celui-ci reste coincé dans les bouchons juché sur son buggy, boit des coups au bar et arrive, in fine, après la bataille, alors que la plupart de ces demoiselles en détresse ont déjà été sacrifiées !
La vision de ces contes (et leurs dénouements souvent tragiques) comme métaphore du passage à l’âge adulte est désormais connue ; les mutations physiques des princesses peuvent ainsi aisément être lue à l’aune des troubles adolescents. House contient lui aussi cette double lecture, à la fois conte et commentaire sur celui-ci. Au-delà de l’atmosphère gentiment kitsch et des effets spéciaux surannés, c’est bien là que se situe le cœur de cette pépite retrouvée.