Hollywood Garage : les destinées détruites d’Hollywood

Notre avis : Hollywood Garage brosse le portrait d’un acteur aux ailes coupées, qui, comme tant d’autres, fut anéanti par l’industrie hollywoodienne. C’est à la fois le récit d’une dégringolade artistique et d’un système impitoyable où les intérêts financiers surdéterminent les relations humaines, où les journalistes influents, les producteurs arrivistes, les acteurs, sont les forces concurrentes d’un monde darwinien. Si les plus forts, parfois les plus malins, y survivent, Edmund Purdom ne fut pas de ceux-là : non qu’il ait été en déficit de talent, mais un faisceau d’événements a précipité son destin : mauvais choix artistiques, liaisons sentimentales sulfureuses dénoncées par le puritanisme américain, exil en Italie... Le jeune premier n’eut pas la carrière qu’il méritait. Et le monde cinématographique remplace très vite...

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Pourtant, l’histoire débute comme un conte de fées : comédien dans la troupe de Laurence Olivier, l’artiste britannique débarque aux USA avec des rêves de cinéma, auquel il peut légitimement donner les contours d’une réalité. Le jeune ambitieux vit d’abord une période de vache maigre, mais la réussite finit par pointer son joli bout de nez, en forme de mirage : The Student prince et The Egyptian consacrent le talent d’un acteur. Toutefois, on a l’impression que Purdom ne parvient pas à transformer l’essai et à trouver des réalisateurs ou des scénarios à la hauteur de ce qu’il peut faire. Grisé par les fastes de la vie hollywoodienne, il est surtout accaparé par ses relations sentimentales, qui le détournent d’une carrière à la Brando, que Purdom remplaça d’ailleurs dans L’Egyptien. L’histoire pourrait être déclinée sur écran, avec ses perpétuels invariants : la jeune star à qui une vamp hollywoodienne (l’arriviste Linda Christian) fait tourner la tête, abandonne femme et enfants, doit payer le prix de son choix, en subissant l’opprobre d’une presse versatile, finit par perdre l’objet de tous ses maux, tente de retrouver un semblant de sérénité, tandis que les films de plus en plus médiocres s’enchaînent.
Cette trame symbolique occulte la triste réalité des faits : alors que l’homme déchu se débat avec sa carrière et ses conquêtes, ses filles souffrent de se sentir abandonnées, bien que la présence d’une grand-mère maternelle aimante leur assure une forme de stabilité affective dans le sud de la France.
Parfois, le récit infléchit sa trajectoire vers l’autobiographie : Lilan Purdom raconte quelques anecdotes sur sa vie de journaliste, nous révèle les coulisses des reportages cinématographiques sur TF1. On n’est pas surpris de ce qu’on y apprend. La culture a toujours été le parent pauvre de la chaîne privée.
Le livre s’achève sur la mort de Purdom, au milieu de ses chats, à Rome, sa dernière femme à ses côtés. Quelque temps auparavant, les deux se sont unis au cours d’une cérémonie grotesquement fellinienne.
On emporte de ce texte l’impression d’un immense gâchis. Et pour ce comédien. Et pour toute sa famille.