Le triomphe des volontés
Le 3 mai 2011
Avec ce film entre documentaire et fiction, Frédéric Sojcher joue les faussaires en nous sortant de son chapeau magique une histoire de cinéaste disparu, de bobines archivées et d’exception culturelle. Habile et déroutant.
- Réalisateur : Frédéric Sojcher
- Acteurs : Maria de Medeiros, Micheline Presle
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h27min
- Date de sortie : 4 mai 2011
Résumé : Lorsque Marie de Medeiros entreprend le tournage de son documentaire consacré à l’actrice Micheline Presle, elle retrouve la trace d’un cinéaste mystérieusement disparu en 1946, Luis Aramcheck. En mettant à jour un complot fomenté par Hollywood pour tuer dans l’œuf la production cinématographique européenne d’après-guerre, elle n’imagine pas que cette quête mettra sa vie en danger.
Critique : Au vu du titre, on craint le pire : Robert Rodriguez aurait-il découvert dans ses fonds de tiroir un vieux synopsis parodique de série B ? Ah non, c’est un documentaire. Une révélation historique alors ? Et dès les premières images, il s’avère qu’Hitler à Hollywood n’est rien de tout cela. Difficile en réalité de définir l’objet, tant Frédéric Sojcher joue constamment la stratégie de l’évitement avec les codes établis du documentaire, de la fiction, voire des traditions cinématographiques de manière générale. Des « personnages » réels (Maria de Medeiros, Micheline Presle - parfaites toutes deux) se voient tout de même « fictionnés » de force par un récit abracadabrantesque sur une enquête historique interminable... La confusion qu’introduit dans son film le réalisateur, avec une régularité constante, est porteuse d’un trouble dont le lointain parent pourrait être celui du F for Fake d’Orson Welles, fameux « vrai-faux » documentaire sur... le vrai et le faux. La virtuosité des acteurs n’a pas non plus un rôle moindre dans cette réflexion, dont l’un des défauts pourrait être parfois de tourner uniquement autour de points théoriques de la taille d’un dinosaure : qu’est-ce que le cinéma ? Qu’est-ce que l’exception culturelle ? Le modèle américain commercial est-il le seul possible ?
- © Eurozoom
Déroutant s’il en est, Hitler à Hollywood représente aussi le pari d’une forme, qu’on sent encore légèrement tremblante, mais qui trouve à certains moments son aboutissement ; une frontière très poreuse entre les genres et les styles filmiques, sans que devienne pour autant nécessaire le recours à la « citation » révérencieuse ou la référence parodique. Imprégné d’histoire du cinéma, Sojcher propose une vision rafraîchissante du fameux « post-modernisme », tout en restant dans un horizon modeste. Autre essai et signe des temps - qui, quant à lui, pourra diviser -, le film est tourné entièrement au Canon 5D, et joue à plein la carte de l’étalonnage numérique « visible ». Couleurs saturées des avatars féminins contre réalité froide et grise : avec cette opposition basique, on reste un peu sur sa faim par rapport à ce que cette technique pouvait apporter au propos du cinéaste. Au bilan, Hitler à Hollywood ne se veut aucunement une bible historique, mais pourrait plutôt être une carte postale réussie et pimpante du cinéma actuel et passé : quelques mots, des couleurs, et une affaire à suivre...
- © Eurozoom
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EmmaGS 7 mai 2011
Hitler à Hollywood - la critique
Un film plein d’humour et de fantaisie, de clins d’oeil et de références cinématographiques, qui fait du bien. J’ai beaucoup ri, et ce film est un petit bijou du genre. Avec un casting d’enfer, pour un film dans le film, tourné comme un thriller-documentaire. Le travail sur l’image frise la 3D (sans les lunettes) et met en valeur les images d’archives et les acteurs. Maria de Medeiros ne vous lâche pas une seconde, bravo pour la performance, et on est sous le charme de Micheline Presle, et de son sourire dans l’oeil. Un voyage dans toute l’Europe qui m’a aéré la tête, une bulle d’oxygène pour un sujet qui sort des sentiers battus, et qui donne envie de le googleliser en quittant la salle. C’est le film de la semaine !