Histoire du comic book. T1 . Des origines à 1954. La chronique

Au commencement, il y avait le pulp [1], le comic strip [2], le big little book [3], puis le comic book. A l’origine conçu comme prime publicitaire et compilant souvent des comic strips, le comic book, composé d’histoires inédites, devient rapidement un media de divertissement à part entière pour la jeunesse.

Formidable vivier, le comic book peut se vanter de publier ceux qui donneront au comic ses lettres de noblesse : Kirby, Eisner, Kurtzman, Siegel et Shuster, les pères du premier super-héros, Superman, dont les exploits débutent dès 1934. Le support donne ainsi naissance à une impressionnante galerie de justiciers et méchants légendaires : Batman et son acolyte Robin, Joker, Captain Marvel, le méchant Sub-Mariner virant ensuite sa cuti, Daredevil, la super pépée Wonder Woman, l’atypique Spirit avec un loup pour seule panoplie...

Par la suite, des héros d’une autre trempe verront le jour ou réapparaîtront après un passage dans les big little books. Patriotes - les Blackhawks - et gamins intrépides font la peau aux nazis et aux Japonais durant la guerre. Mickey Mouse, Donald Duck et les célèbres animaux anthropomorphes ravissent les tout petits. Les adultes ne sont pas oubliés avec des genres encore inexploités - terreur, "romance comics" [4], humour noir et parodique pour la revue mythique Mad.

Concurrence stimulante, filon lucratif, tirages phénoménaux, les éditeurs fleurissent sur le marché de cette presse spécialisée. Et on le conçoit, quand on sait qu’un numéro peut atteindre plus d’un million de ventes en un seul mois [5] ! Contrecoup du succès, les éditeurs de comic books subissent une véritable cabale. Leurs détracteurs fustigent le contenu violent de certaines séries, qui influenceraient les kids. Traînés en justice, les éditeurs ont pourtant la loi pour eux car la liberté de la presse est inscrite dans la constitution américaine - un partout ! Pourtant, afin d’éviter le boycott du public et des diffuseurs, en 1954, la plupart des sociétés s’autocensureront en constituant un "comics code".

Ensuite ? Patience ! Seul le premier tome de cette Histoire du comic book est paru, et l’on espère simplement que Jean-Paul Jennequin nous en réserve un second du même acabit [6], captivant et riche d’un point de vue iconographique. Mais c’est une autre histoire.