Seul est l’indompté
Le 10 décembre 2013
Aidé par l’interprétation magistrale de Kirk Douglas, le grand William Wyler déploie toute la finesse psychologique légendaire qu’on lui connaît.
- Réalisateur : William Wyler
- Acteurs : Kirk Douglas, Cathy O’Donnell, Eleanor Parker, William Bendix, Lee Grant, Joseph Wiseman, George Macready, Frank Faylen, Gladys George, Craig Hill, Warner Anderson, Gerald Mohr
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Swashbuckler Films
- Durée : 1h43mn
- Date télé : 24 avril 2024 23:37
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 20 mars 2013
- Titre original : Detective Story
- Date de sortie : 28 novembre 1952
- Festival : Festival de Cannes 1952
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Résumé : Lors d’une affaire, l’inspecteur Jim McLeod s’acharne contre un médecin avorteur, ce qui ne manque pas de surprendre son supérieur. Celui-ci ne tarde pas à découvrir que la femme de McLeod a avorté avec l’aide de ce médecin et que le policier ne lui a jamais pardonné.
Critique : Au moment où, en novembre 1951, Histoire de détective sort sur les écrans américains, William Wyler ne sait pas encore que, l’année suivante, il foulera pour la première fois le tapis rouge de la Croisette pour venir le présenter à la presse internationale ; avec, à la clé, un prix de la meilleure actrice décerné à la débutante Lee Grant pour son rôle "négligeable" d’une voleuse à l’étalage. Entre le festival de Cannes et lui, c’est assurément une grande histoire d’amour puisqu’il y remportera aussi la Palme d’or en 57 pour La loi du Seigneur, et (pour couronner le tout) un double prix d’interprétation pour Terence Stamp et Samantha Eggar dans L’obsédé. Quant aux Oscars, il détient toujours le record de douze nominations en tant que meilleur réalisateur (pour trois statuettes remportées, l’année où le film triompha également) ! Alors que certains critiques actuels le considèrent juste comme un bon artisan, il ne fait pourtant plus aucun doute qu’il est l’un des meilleurs cinéastes de tous les temps (rien que la vision du bouleversant Les plus belles années de notre vie, réalisé cinq ans plus tôt, suffirait à le démontrer). Après Rue sans issue (avec Humphrey Bogart qui n’en est alors qu’à ses débuts), Wyler s’attelle de nouveau à l’adaptation d’un écrit du dramaturge Sidney Kingsley qui lui permet cette fois de manier admirablement les unités de lieu et de temps (au cours de cette journée interminable presqu’exclusivement au poste de police).
En dépit du côté théâtral que la pièce originale impliquait, le récit démarre par un long plan-séquence, lequel fait suite au générique survolant la Grosse Pomme, devant un commissariat de police (correspondant aujourd’hui encore à la Cour criminelle de New York). On y suit un policier, de retour avec sa capture du jour (Lee Grant) qui deviendra, malgré elle, le témoin privilégié des agissements pas très catholiques d’un inspecteur tenace, du nom de McLeod. Pratiquement tout le reste du film se passe tout le temps en huis clos. L’une des autres scènes, absolument magistrale et assez analogue au plan-séquence introductif, nous présente un Kirk Douglas impeccable comme à son habitude (mais plus cabotin que jamais), dans la même situation que son collègue, retrouvant son épouse qui ne l’a plus revu depuis deux jours du fait d’avoir poursuivi sans relâche un vulgaire bandit de seconde zone. À partir d’un storytelling absolument brillant, récompensé à juste titre du "Edgar Allan Poe" du meilleur scénario, Wyler dirige de main de maître ses comédiens (ce qui constitue l’une de ses marques de fabrique : en témoigne, le nombre impressionnant d’Oscars que ses interprètes se sont vus attribuer) ; bien qu’il fasse avouer que les intervenants secondaires constituent de temps à autre la seule faiblesse du film.
De plus, à l’instar de La vipère, il déploie avec beaucoup de maestria la psychologie qui anime ses protagonistes ; avec une mention spéciale pour celui de McLeod, véritable pierre angulaire de ce drame à venir. À sa manière, il construit merveilleusement un personnage au service de la loi, comme le seront également ses illustres héritiers : à savoir, le ripou campé par Welles dans La soif du mal ; sans oublier, bien plus tard, pour son côté radical, l’inspecteur Harry dans la série éponyme. Tétanisé à jamais par un père autoritaire, il n’accorde pas la moindre once d’indulgence dans sa manière d’exercer sa propre justice. Dans un dernier sursaut d’énergie, son épouse tentera le tout pour le tout en le laissant face à ses propres démons : "Pourquoi tout doit être noir ou blanc avec toi ? Ne sois pas si intolérant. Tu creuses ta propre tombe, ça te crève les yeux. Un pas de plus, et tu es dedans". Si Histoire de détective n’a attiré que 1.580.480 timides spectateurs en France, il fait toujours l’effet d’une grosse claque en plein visage dont on ne se relève pas immédiatement...
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