Le 18 août 2024
Plus qu’un polar, Highway 65 est une déambulation glaçante dans la psychologie complexe d’une jeune policière, confrontée à la mafia locale dans la province où elle a été mutée. Une vraie réussite.
- Réalisateur : Maya Dreifuss
- Acteurs : Tali Sharon, Idan Amedi, Sara von Schwarze
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Israélien, Français
- Distributeur : Dean Medias
- Durée : 1h48mn
- Date de sortie : 31 juillet 2024
- Festival : Festival International du film Policier de Reims 2024
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Résumé : Quelques mois après sa mutation forcée de Tel Aviv à la petite ville d’Afula, Daphna, brillante détective, découvre le téléphone abandonné d’Orly Elimelech. Connue pour ses liens avec la puissante famille Golan, cette ancienne reine de beauté est introuvable. Alors que personne ne semble s’inquiéter de cette disparition et malgré la défiance de la ville qui lui reproche avant tout d’être une femme célibataire et sans enfants, Daphna se lance à corps perdu à la recherche d’Orly…
Critique : Pour des raisons qu’on ignore, Daphna, une brillante enquêtrice, a été mutée de Tel Aviv dans une province très sèche, à Afula exactement, où elle décide de faire toute la lumière sur l’étrange disparition de l’ancienne belle-fille du clan Golan. Highway 65 est donc en apparence un film policier qui tente de décoder le mystère de cette Orly Elimelech dont seul le téléphone portable a été retrouvé dans un champ de maïs et surtout que personne ne réclame. En réalité, le long-métrage s’engage aux côtés de la détective dont on perçoit, au-delà de sa sagacité et son sens de l’analyse, des fêlures qui la poussent à des méthodes d’investigation pour le moins discutables. Car la jeune femme n’hésite pas à coucher avec les témoins pour leur soutirer des informations, quand elle ne manipule pas les personnes pour parvenir à ses desseins.
Maya Dreifuss réussit un coup de maître dans cette descente dans les profondeurs macabres d’une province israélienne où les femmes ont du mal à échapper à la domination masculine. Les policiers entretiennent des relations complexes avec la famille Golan qui règne sur le village. Le père de famille embrasse les flics, leur paye des appartements, et fait la pluie et le beau temps dans les affaires criminelles et pénales qui déboulent sur la ville. L’atmosphère générale du film est d’un bout à l’autre poisseuse, atmosphère à laquelle s’ajoute une bande-son très simple où les guitares semblent chatouiller la psychologie énigmatique des protagonistes.
- Copyright TS Productions
Le récit est si bien mené que chaque personnage, des policiers aux membres de la famille, semble un suspect parfait d’un crime dont on n’a pas de corps. Car le belle Orly a bel et bien disparu, et seule Daphna semble envisager le pire. La réalisatrice dont on connaît peu le cinéma en France fait montre d’une maîtrise absolue dans la mise en scène. Elle compose des dialogues subtils qui montrent des personnages tous sur le fil. Ils s’intègrent parfaitement dans des paysages quasi désertique percés d’une autoroute embouteillée et d’une rivière sinueuse. Highway 65 serpente dans l’intimité psychique de ses protagonistes qui semblent tous sur leur garde, comme si la mort ne pouvait pas se défaire de ces décors quasi fantomatiques.
L’actrice principale, Tali Sharon, est absolument merveilleuse dans ce rôle d’enquêtrice. Elle simule l’ambiguïté d’une femme dont on se demande si elle n’a pas été un jour amoureuse de celle qu’elle recherche. Elle incarne une héroïne aussi vulnérable que totalement forte, capable de faire parler les criminels les plus mutiques. En réalité, tout le film trouve sa réussite dans ce portrait tout en nuances d’une jeune femme qui est très vite dépassée par les tourments que lui donne l’affaire qu’elle tente de résoudre.
- Copyright TS Productions
Highway 65 a été récompensé à juste titre au festival du polar de Reims 2024. On comprend l’emballement du jury pour cette histoire où le pire de l’humanité côtoie le meilleur. Avec beaucoup de pudeur, la réalisatrice égratigne le régime israélien qui depuis des décennies conduit à l’échafaud, dans des conflits permanents, des jeunes gens contraints par le service militaire. L’ambivalence du chef de la famille Golan, voire la corruption, à l’égard des autorités policières israéliennes, peut constituer autant une opportunité narrative qu’un poignard porté contre le régime actuel de l’État d’Israël.
Comme le suggère l’affiche, Highway 65 constitue bien le polar de l’été 2024. Dommage d’ailleurs que le film soit si peu distribué, tant le plaisir et les sueurs froides sont convoqués dans ce récit.
Highway 65 FA from Dean Medias on Vimeo.
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