Hibou - La critique du film

Notre avis : Il y a toujours eu quelque chose de touchant chez Ramzy, sorte de Gaston Lagaffe frisé qui a toujours semblé moins idiot que les personnages qu’il interprétait. A l’aube des années 2000, lui et son pote Eric étaient devenus les rois de la comédie régressive avec le carton de la Tour Montparnasse infernale et la série hospitalière H, avant de sombrer doucement dans l’oubli, remplacés par une nouvelle vague de comiques plus prudents, moins jusqu’au-boutistes. Effet inverse sur le talent des deux compères, qui n’ont cessé par la suite de creuser le sillon de leur comique si particulier pour l’étoffer, le rendre plus intrigant, voir inquiétant. Chacun a pris son envol. Eric Judor surtout, avec la géniale série Platane. Mais sans jamais cesser de jouer ensemble, que ce soit dans l’excellent Tour 2 contrôle infernale, prequel à l’humour radical et échec au box-office, ou comme ici, dans Hibou. (Eric y joue un petit rôle). Hibou donc, une comédie, souvent, qui, de temps en temps, instille un certain malaise, pas totalement assumé.

Les Films du Cap © 4 Mecs à Lunettes ©

L’histoire de cet homme invisible aux yeux des autres qui se déguise en hibou manque parfois d’un point de vue de metteur en scène, et frôle parfois la sortie de route avec son scénario décousu. Mais Ramzy aime son personnage et suscite immédiatement et tout du long une profonde empathie. Pas pathétique (on apprécie), il réussit à slalomer entre les clichés de la comédie du looser, et laisse s’installer, entre quelques gags bien trouvés (chouette running-gag chez l’animalier), le malaise qu’on trouvait déjà dans La Tour 2 Contrôle infernale ou Steak. Dans une moindre mesure certes, mais l’effort est louable à l’heure de la comédie française ronflante. On pense, pêle-mêle, au Complexe du Castor de Jodie Foster, ou Du Jour au Lendemain, de Philippe Le Guay. Surtout, on pense au cinéma de Bruno Podalydès. Mais la mise en scène, quasi-absente à l’exception d’une belle escapade nocturne, ne sert jamais le comique des situations, se contentant d’illustrer l’histoire plutôt que de s’intégrer comme élément de jeu.

Les Films du Cap © 4 Mecs à Lunettes ©

Pour autant, on ne saurait faire la fine bouche, Ramzy étant généreux dans ses élans poétiques. Son duo avec Elodie Bouchez, plein de tendresse, emporte l’adhésion, bien aidé par les chouettes costumes. Les voir déambuler dans la ville d’un air gauche est déjà délectable. Philippe Katerine vient ajouter sa douce dinguerie à l’ensemble, après son interprétation mémorable d’un terroriste fâché avec le français dans La Tour 2 Contrôle Infernale. La somme des jolies choses que l’on trouve dans Hibou vient alors contrebalancer les errances dans la réalisation et les faiblesses de l’histoire. Pour un -presque- premier film, c’est, à l’image du personnage de Rocky, une bien belle victoire sur le quotidien parfois morose de la vie moderne. Un quotidien que Ramzy embelli le temps d’une heure et demi. Merci à lui.