Guerre et paix en Galilée
Le 20 mars 2024
Pour son premier passage à la réalisation, l’actrice Hiam Abbass se penche sur le poids de la tradition dans un petit village de Galilée. Un film sage, mais dont le récit et les acteurs font le sel.
- Réalisateur : Hiam Abbass
- Acteurs : Clara Khoury, Hiam Abbass, Hafsia Herzi, Ali Suliman, Ashraf Barhom , Yussuf Abu-Warda, Ruba Blal-Asfour, Mouna Soualem
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 12 décembre 2012
- Plus d'informations : Le site du distributeur
- Festival : Festival de Venise 2012
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Résumé : Une famille palestinienne se rassemble dans le nord de la Galilée pour célébrer un mariage, dans un climat de guerre. Lorsque le patriarche tombe dans le coma, les conflits internes font exploser peu à peu l’harmonie familiale, révélant secrets et mensonges jusqu’alors enfouis…
Critique : En amont du film, il y a l’histoire d’un passage derrière la caméra. On connaissait Hiam Abbass actrice aux multiples facettes, traduisant dans son jeu personnel ses personnages polyglottes – français, arabe ou anglais… –. Héritage, son premier long-métrage, est un retour à des sources géographiques et biographiques : un petit village palestinien traditionnel dans le nord de la Galilée, soumis à une histoire plus grande que lui. La manière dont l’éternel conflit – celui dont on a presque cessé d’envisager l’issue – pointe sourdement dans le film participe d’une réussite générale, celle de la reconstitution d’une atmosphère et d’un état d’esprit profondément liés à une situation particulière, sans que le spectateur se sente jamais mis à distance par rapport à celle-ci. La tension quotidienne générée par la guerre – mais aussi les temps de vie normale que ce genre de conflit suppose – est réellement présente, avec une intensité que les images et les commentaires médiatiques pourraient parfois nous faire oublier. Sur cet arrière-fond, la cinéaste propose un récit prenant, peut-être un peu trop multiforme – chaque personnage de la galerie ayant « son » propre problème –, mais qui renouvelle avec vigueur la question de ce fameux « héritage » (au sens moins littéral que figuré, puisque c’est ici une transmission culturelle qui fait problème).
Indéniablement, l’expérience d’actrice de Hiam Abbass compte dans la facilité avec laquelle les personnages s’incarnent dans cette atmosphère délétère de famille élargie pesant de tout son poids sur ses membres – famille aux accents parfois proches d’un Festen palestinien, moins grave et déjanté. Dirigeant à la fois les autres et elle-même, la cinéaste parvient à éviter le binarisme noir et blanc qui pourrait miner ce genre de film très ancré dans une réalité culturelle particulière, et pousse ses acteurs au terme de leur puissance – notamment l’excellent Ashraf Barhom, déjà apprécié dans Agora ou Le royaume –. L’audace est toutefois moins prononcée dans la mise en scène ; tout se passe comme si, trop soucieuse de bien faire, Hiam Abbass péchait finalement par excès de sobriété, donnant naissance à un film trop sage : la volonté de clarté du récit et l’application l’emportent sur la vie profonde du film. On sent poindre, par moments, des désirs réels de filmage – les paysages impressionnants et presque oppressants de la Galilée vue du ciel, le corps des filles dansant sans retenue ou se glissant avec plaisir dans des robes de soirée. Seul le personnage de Hafsia Herzi, vibrant et désirant, réussit à percer un peu cette raideur générale ; Héritage dans son ensemble aurait mérité de suivre cette intuition et d’être véritablement un film « sensuel », au sens premier du terme.
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