Le 7 novembre 2018
- Genre : Cinéma
La découverte heureuse d’un franc-tireur du cinéma, auteur d’une œuvre chaleureuse et personnelle.
Résumé : De Sur la plage de Belfast au Temps des amoureuses, le cinéma d’Henri-François Imbert propose, loin des agitations et du rythme frénétique des médias, une poétique de l’image. Par sa réflexion sur le cinéma comme outil de mise en relation des êtres, des choses et des temporalités, il pose sans cesse la question : qu’est-ce-que faire partie de ce monde ? Un film d’Henri-François Imbert est comme un cours d’eau qui se fraye un passage entre les éléments du paysage, contourne certains d’entre eux pour mieux nous les signaler, et garde indéfectiblement le cap vers l’expérience de la relation à l’autre. Composé d’un essai et d’un entretien, Henri‑François Imbert, libre cours parcourt la filmographie d’un orfèvre qui par sa patience impose une vision unique du cinéma.
Notre avis : Cinéaste discret creusant son sillon à l’écart des modes et des formes dominantes, Henri-François Imbert avait déjà fait l’objet d’un livre collectif, mais pour la première fois, c’est en poche et avec un long entretien (c’est le principe de la collection), que son œuvre est analysée et donc mise à la portée du plus grand nombre, d’autant que la langue claire et élégante écarte tout élitisme. On s’en réjouit.
L’essai est constitué de courts chapitres thématiques qui montrent, grâce à la parfaite connaissance de Raphaëlle Pireyre, la cohérence d’une filmographie relativement brève encore. Sensible et attentive, son étude explore des pistes fécondes, notamment sur le rapport au temps (« un perpétuel mouvement d’allers-retours ») ou les filiations (le film « palimpseste »). Comme l’auteur s’adresse visiblement au plus grand nombre, on peut très bien mal connaître l’œuvre d’Imbert et se mouvoir à l’aise dans ces pages limpides qui ne perdent jamais leur lecteur : les termes techniques et les références sont réduits au minimum, en un geste imitant la simplicité du cinéaste. On apprendra donc beaucoup de ce court texte dont la belle expression finale, « tendre la caméra », insiste sur la générosité d’une quête à la fois modeste et profonde, tout entière tournée vers l’anecdote révélatrice.
Du long entretien chronologique, on retient surtout une impression d’humilité, celle de l’artisan qui découvre en faisant, se laisse conduire par des événements (une discussion familiale, quelques images oubliées dans une caméra, des cartes postales) et parle surtout des autres. On n’aura pas de biographie intime, puisque l’essentiel, c’est les films, et, derrière eux, les gens. Quant aux précisions techniques, si elles existent, elles montrent un souci d’adéquation avec le sujet et d’ouverture au hasard (dont le rôle capital est souligné à plusieurs reprises) plutôt qu’un étalage de spécialiste, d’où cette phrase capitale : « J’ai découvert la technique en même temps que tous les enjeux éthiques ».
Il faudrait saluer la qualité de l’interviewer, Quentin Mével, manifestement très familier de l’œuvre, qui, par ses relances et ses questions pointues, permet l’autoportrait d’un réalisateur autodidacte singulier : ses interrogations personnelles sur le cinéma ne peuvent que toucher tout amateur. Est-il besoin de préciser que pareil travail donne envie de voir ou revoir les films d’Imbert ? La filmographie des dernières pages y conduit.
136 pages
Collection « Face B » - Essai et Entretien
Édition Playlist Society
Format : 12 x 15,7 cm
Parution : 26 octobre 2018
Galerie photos
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