Le 1er novembre 2022
Lofty Nathan dresse le constat désespéré d’un pays, la Tunisie, dont la révolution arabe n’aura été qu’un feu de paille. Proprement éblouissant.
- Réalisateur : Lotfy Nathan
- Acteurs : Adam Bessa, Najib Allagui, Salima Maatoug, Ikbal Harbi, Khaled Brahem
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Allemand, Belge, Luxembourgeois, Tunisien
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 2 novembre 2022
- Festival : Festival de Cannes 2022, Festival du film franco-arabe 2022
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– Sélection officielle Cannes 2022 : Un Certain Regard
– Cannes 2022 : Prix de la meilleure performance Un Certain Regard pour Adam Bessa, Deuxième Prix CinÉduc
Résumé : Ali, jeune Tunisien rêvant d’une vie meilleure, mène une existence solitaire, en vendant de l’essence de contrebande au marché noir. À la mort de son père, il doit s’occuper de ses deux sœurs cadettes, livrées à elles-mêmes dans une maison dont elles seront bientôt expulsées. Face à cette soudaine responsabilité et aux injustices auxquelles il est confronté, Ali s’éveille à la colère et à la révolte. Celle d’une génération qui, plus de dix ans après la révolution, essaie toujours de se faire entendre…
Critique : D’abord ce sont des images des paysages magnifiques, à la manière d’un reportage de voyage. Puis l’image se ternit soudain. La voix off de la sœur du héros parle de ces eaux souillées par le phosphate, des cancers qui s’emparent des ouvriers, et de la crise économique qui ne cesse de répandre la misère dans les rues. Ali vit de petits trafics d’essence. Il squatte un chantier de construction dont le propriétaire est éloigné en Europe. Tous les jours, après avoir acheté les bidons d’essence au noir, il s’installe le long d’un poteau, vend son pétrole aux automobilistes, quand il n’arrose pas de quelques billets la police pour qu’elle le laisse tranquille.
- Copyright Dulac Distribution
Tout le monde en France voit ces jeunes hommes issus de Tunisie s’installer illégalement, dans l’espoir secret de trouver une situation stable et recouvrir un titre de séjour. Pourtant, la révolution arabe a eu lieu. Elle a donné tous les espoirs à une jeunesse tunisienne qui aspirent au travail, au confort et à la liberté. Le portrait touchant d’Ali est peut-être celui de ces millions de filles et garçons qui ne parviennent pas à trouver dans leur pays la place qu’ils méritent. C’est un homme silencieux, au visage grave, et dont le regard exprime le désarroi d’une jeunesse qui ne survit que d’expédients illégaux. La police est corrompue et l’administration impuissante pour aider la population.
- Copyright Dulac Distribution
Mais Harka n’est pas qu’un film triste. C’est une mise en scène maîtrisée qui offre au spectateur une palette magnifique et sensible de jeunes gens tunisiens. Les filles sont peut-être celles qui survivent le mieux à cette misère endémique, sans doute parce qu’elles ne migreront pas comme la plupart des garçons. Elles cultivent une vision du monde qui ne ressemble pas à de la résignation. Elles vivent, là où Ali se plonge dans des trafics risqués tout en s’imposant de dormir dehors. La photographie est très belle, très soignée. À cela s’ajoute une musique qui apporte au propos une dimension supplémentaire.
- Copyright Dulac Distribution
Voilà un film très réussi, emprunt de sobriété et de beauté. On reste à la fois admiratif et touché par ces personnages courageux. En ce sens, Harka est un long-métrage politique. Il permet d’appréhender avec force la dure réalité de l’émigration tunisienne vers l’Europe.
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