N’oublie pas d’être heureuse
Le 28 juillet 2018
Politique et poétique, Happiness Road est un éloge animé de l’enfance, de la vie et du bonheur. Beaucoup de bonheur.
- Réalisateur : Hsin-Yin Sung
- Genre : Animation
- Nationalité : Taïwanais
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 1h51mn
- Titre original : On Happiness Road
- Date de sortie : 1er août 2018
- Festival : Festival d’Annecy 2018
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Résumé : Tchi vit aux États-Unis où elle s’est installée, à la poursuite du « rêve américain », après ses études à Taïwan. Sa grand-mère adorée vient de mourir et la voilà de retour dans sa ville natale, où elle retrouve sa famille, ses souvenirs d’enfants et son quartier Happiness Road. Tout se bouscule dans son esprit : ses souvenirs d’enfants, la petite et la grande histoire, l’amertume de l’exil, ses espoirs de carrière, son fiancé américian et sa famille aux traditions un peu ringardes… Et si finalement le rêve américain n’en était pas un ? Tchi finira-t-elle par se retrouver alors qu’elle ignorait s’être perdue ?
- © Eurozoom
Notre avis : Devenir adulte, devenir parent, est-ce renoncer à l’enfant que nous étions, tirer un trait sur les lignes d’enfance ? C’est en tout cas ce que semble croire Lin Su-Chi, jeune femme issue d’une famille ouvrière de Taïwan partie tenter sa chance sur le Nouveau-Continent. Sa grand-mère, avec laquelle elle était très complice, vient de s’endormir pour toujours mais revient pourtant dès les premières minutes du film, comme un ange gardien qui, assise sur le dos de l’oie avec laquelle elle s’envole pour rejoindre les cieux, lui demande comment va sa vie, et lui rappelle de toujours être heureuse. Toujours.
Happiness Road, c’est l’histoire d’un retour au pays, un retour aux sources douloureux mais formateur et plein d’espoir, auquel nous convie la prometteuse cinéaste Hin Yin Sung.
- © Eurozoom
Tchi voulait rompre avec ses origines roturières, mais difficile d’affirmer, au moment où commence le film, que l’exil lui a permis de s’élever socialement. Elle a épousé un Américain avec lequel elle est en instance de divorce parce que ce dernier préfère croquer la vie et l’amour à pleines dents plutôt que d’avoir un enfant. Tchi est dans la tourmente. Elle se remémore peu à peu ce qu’a été sa vie au quartier de Happiness Road, son passé, mais surtout son présent.
Le film est construit sur trois temporalités : le passé, l’enfance de Tchi, ses années d’école où elle rencontra sa meilleure amie Betty, une petite fille blonde moquée par ses camarades ; le présent, qui constitue l’essentiel de cette histoire ; et un autre passé moins lointain que sont les années passées aux États-Unis, la rencontre de Tchi et de son mari et la déchirure qui, peu à peu, les sépare. La réalisatrice détricote ainsi la cohérence temporelle de son récit, tant pour traduire la confusion de son héroïne que pour l’aider à retrouver le chemin de sa vie.
- © Eurozoom
Happiness Road est un portrait de femme, une fable en forme de quête de soi. Mais c’est aussi le portrait du monde contemporain : celui où les enfants de la classe ouvrière tentent de s’arracher à leur condition sociale par tous les moyens possibles. Tchi voit son père comme un héros, pourtant c’est un ivrogne qui dilapide au jeu l’argent du ménage. Sa mère récupère les invendus des supermarchés et fouille les poubelles, prenant ainsi le risque de se faire arrêter pour vol. Ses parents la voulaient brillant médecin – métier-symbole ultime de la réussite professionnelle et sociale – Tchi se rêve brillante intellectuelle, activiste politique comme son cousin Wen.
Happiness Road est le roman d’une désillusion : papa et maman ne sont plus les héros que Tchi idéalisait quand elle n’était encore qu’une petite fille ; son amie Betty est devenue maman de deux beaux enfants quand elle rêve encore d’avoir un bébé. Mais c’est aussi le roman d’un nouveau départ, raconté par les traits et les lignes d’un dessin épuré aux couleurs claires, douces et chaleureuses. Un premier long-métrage d’animation sensible, humaniste et visuellement superbe.
- © Eurozoom
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