Le 27 mars 2016
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- Festival : Hallucinations collectives
Cette deuxième journée aux Hallucinations collectives a permis de découvrir deux avant-premières dans des genres très différents (comédie noire et thriller en huis-clos) et un film russe post-apocalyptique très rare, en copie 35 mm.
Cette deuxième journée aux Hallucinations collectives a permis de découvrir deux avant-premières dans des genres très différents (comédie noire et thriller en huis-clos) et un film russe post-apocalyptique très rare, en copie 35 mm.
Men & Chicken d’Anders Thomas Jensen (2015) :
Anders Thomas Jensen, connu pour avoir mis en scène Les bouchers verts et Adam’s apples, reste dans son univers de la comédie noire avec ce nouveau film.
Le cinéaste joue avant tout sur le comique de situation avec des scènes constamment décalées, aux personnages hauts en couleurs. Dans ce maelström délirant, Mads Mikkelsen incarne un simple d’esprit, pensant uniquement à se masturber et à se faire des filles. Le scénario l’amène à retrouver sa vraie famille, accompagné de son frère. Et là encore, on a affaire à de sacrés sauvageons. Dans Men & chicken, Anders Thomas Jensen montre que la communication est particulièrement difficile entre les membres de cette famille, avec des séquences qui oscillent entre une violence cartoonesque et un certain culte du secret.
Se référant aux classiques du fantastique, Jensen crée un suspense dont l’issue – assez étonnante et même vraiment too much – est incertaine jusqu’au bout.
Derrière son côté volontairement potache, Men & chicken représente une ode à la famille, et à la différence.
S’il se suit avec un certain plaisir, le film n’approfondit pas les thèmes cités, et demeure surtout une farce sans enjeux véritables.
Green room de Jeremy Saulnier (2016) :
Remarqué en 2013 par son excellent thriller Blue ruin, l’américain Jeremy Saulnier récidive avec Green room. Sur une trame bien plus classique, il offre au spectateur un thriller nerveux, sans concessions et très premier degré. Il s’inscrit sans conteste dans la mouvance de John Carpenter, et en particulier du matriciel Assaut.
Le film introduit un groupe de jeunes faisant de la musique punks. Le hasard des rencontres va les mener au mauvais endroit au mauvais moment, sur le chemin d’un groupe de skinheads, mené par un très inquiétant Patrick Stewart.
Jeremy Saulnier prend le temps d’introduire ses personnages, ce qui les rend immédiatement attachants. On tremble donc pour ces jeunes qui sont enfermés et assiégés dans cette fameuse chambre verte.
Le réalisateur joue parfaitement sur deux niveaux : un suspense à haute tension maintenu jusqu’au bout du film, et une violence sèche capable d’intervenir à n’importe quel moment.
A noter que la distribution se révèle plutôt convaincante, ce qui n’est pas habituel dans ce genre de film.
Le film ne fait certes pas dans la dentelle mais après tout il reste à sa place, celle d’une très efficace série B.
Lettres d’un homme mort de Konstantin Lopouchansy (1986) :
Film projeté aux Hallucinations collectives dans le cadre de la carte blanche laissée à Lucile Hadzihalilovic, Lettres d’un homme mort est un film russe post-apocalyptique des années 80. Et pourtant, quand on le voit, ce long métrage paraît intemporel, renforcé par son aspect sépia.
Il fait tout aussi bien penser aux films d’après-guerre qu’au traumatisant Threads de Mick Jackson et aux conséquences de la bombe nucléaire. En ce sens, le film est même carrément visionnaire puisque la catastrophe de Tchernobyl n’avait pas encore eu lieu.
Lettres d’un homme mort est le journal intime d’un ex prix Nobel adressant des lettres à un fils disparu qu’il croit encore vivant. Le film donne une vision déprimante du monde avec une humanité en voie de disparition.
Avec peu de moyens, le réalisateur Konstantin Lopouchanski frappe le spectateur par des images très fortes : les rues bondées de cadavres laissés à l’abandon sous la pluie ; les lieux détruits ; les explosions incessantes.
Lettres d’un homme mort présente une poignée de gens tentant de survivre mais qui n’ont plus le goût de vivre dans ce monde dévasté et voué à sa perte.
Malgré tout, une lueur d’espoir subsiste avec les enfants qui continuent d’aller de l’avant.
Voilà sans conteste une œuvre lancinante mais très riche, à découvrir sans plus tarder.
Galerie photos
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