Le 18 avril 2017
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- Festival : Hallucinations collectives
Le cultissime Epidemic de Lars Von Trier vu en 35 mmn ; un thriller psychologique en avant-première de haute tenue et un chef d’œuvre signé Lucio Fulci ont marqué cette journée aux Hallucinations collectives.
Epidemic de Lars Von Trier (1987) :
Second film de Lars Von Trier après Element of crime (1984), Epidemic en prend de manière surprenante le contre-pied. Autant Element of crime était un thriller psychologique très élaboré, autant Epidemic constitue un objet filmique inclassable où Lars Von Trier et son scénariste Niels Vorsel interprètent leur propre rôle.
Ce long métrage permet au spectateur d’assister au processus de création d’un scénario et d’un film, y compris avec les nombreux à-côtés. On voit par exemple comment se structure un scénario qui se révèlera être la trame du film.
Au fur et à mesure qu’Epidemic avance, Lars Von Trier mélange astucieusement la fiction et la réalité. Dans une séquence finale marquante et hallucinatoire, la fiction finit par contaminer la "réalité". On reste bouche-bée devant cette hallucination collective.
Dans le même ordre d’idée, Udo Kier, un fidèle de Lars Von Trier, raconte une histoire personnelle dont on ne sait si elle est réelle ou non.
En plus de cette épidémie qui contamine sans cesse le récit, le film comporte un côté ludique où Lars Von Trier, en bon provocateur qu’il est, se joue des spectateurs et des professionnels du cinéma. On le voit replacer de manière très cool son métier dans la vie quotidienne.
Au final, après le succès critique d’Element of crime, Lars Von Trier semble vouloir faire un suicide artistique, comme pour mieux repartir à zéro par la suite. Décrié à sa sortie, Epidemic a depuis été réhabilité à juste titre par les critiques.
Love hunters de Ben Young (2016) :
Premier long métrage de Ben Young, Love hunters est un thriller psychologique. On y suit une jeune fille, Vicky, enlevée par un couple dérangé.
Le film s’intéresse beaucoup à la psychologie des deux kidnappeurs, et notamment de la femme qui bénéficie d’une écriture travaillée. Le réalisateur met l’accent sur la contradiction permanente que vit que cette femme, tiraillée entre l’amour immodéré qu’elle porte à son compagnon et sa fibre maternelle contrariée, n’ayant pas la garde de ses enfants.
Love hunters a l’originalité de s’intéresser bien plus à la personnalité des kidnappeurs que de la victime, ce qui n’est pas fréquent dans ce genre de films.
Évitant toute complaisance, notamment le voyeurisme ou le torture-porn très usité dans les années 2000, Love hunters privilégie les scènes d’horreur hors champ. Ce qui donne encore plus de force et d’intensité aux situations concernées.
D’autant que la victime est constamment impuissante face à ses ravisseurs. Sa seule issue est de rallier à sa cause la compagne du psychopathe dont elle perçoit rapidement l’ambiguïté de sa position.
Love hunters est avant tout un drame familial où chaque personnage féminin subit l’absence d’un être cher. A son crédit, le film peut compter sur une interprétation très convaincante, notamment d’Emma Booth, dans le rôle de la compagne du psychopathe. Elle est tout en nuances dans son jeu et devient presque touchante par moments.
Prenant de bout en bout, Love hunters n’évite pas quelques scories inutilement esthétisantes. Il n’en demeure pas moins un premier film hautement recommandable.
La longue nuit de l’exorcisme de Lucio Fulci (1972) :
En évoquant la carrière de Lucio Fulci, on pense forcément à ses films d’horreur comme L’au-delà et L’enfer des zombies. On oublie quelque peu qu’il a touché à tous les genres et notamment au giallo qui lui permis d’acquérir ses lettres de noblesse.
La longue nuit de l’exorcisme - titre français ridicule qui n’a rien à voir avec le contenu du film - est un giallo atypique se déroulant dans un village d’Italie rurale. Qui dit giallo dit meurtres sanglants. Pour le coup, les victimes d’un mystérieux tueur sont des enfants, à l’instar de l’excellent Qui l’a vue mourir d’Aldo Lado.
Cela étant, l’aspect policier du film ne constitue pas sa trame centrale. C’est plus la description du village et les conséquences des meurtres sur les villageois qui intéresse Fulci. Avec beaucoup de finesse et un côté quasi documentaire, il décrit un monde rural arriéré, ancré dans des traditions fortes. On perçoit clairement le rôle de la rumeur, des "on dit", notamment à l’égard de la "sorcière" du film ou de la jeune femme libre, très sexualisée, interprétée par la sublime Barbara Bouchet.
Si La longue nuit de l’exorcisme est bien posé et plutôt sobre, Fulci ne peut s’empêcher de laisser par moments libre cours à ses déviances gore, à l’image du meurtre cruel d’un des personnages centraux de ce long métrage ou de la séquence finale.
A noter que les spectateurs lyonnais ont eu la chance d’assister à cette séance unique avec une copie intégrale et restaurée par l’éditeur Le chat qui fume, lequel va sortir prochainement un blu ray du film.
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