Habana blues - La critique

Une carte postale colorisée pour exploiter une fois de plus le filon du son cubain... Pour qui roule Benito Zambrano ?

L’argument : A Cuba, Ruy et Tito sont deux amis d’enfance passionnés par la musique. Ils essaient de vivre au jour le jour de leur passion. Les deux musiciens accumulent les petits boulots pour subvenir à leurs besoins et enregistrer leur maquette. Ils se lancent aussi dans l’organisation de leur premier concert pour se faire connaître. Ils gardent leur humour et leur espoir malgré les difficultés. Quand deux producteurs espagnols débarquent à Cuba à la recherche de nouveaux talents, Ruy et Tito tentent leur chance.

Notre avis : Cuba/musique... Musique/Cuba... Même si, sémantiquement, la combinaison a ses limites, il semble qu’elle n’en finira jamais de dérouler de la pellicule. Salsamambolerumba ont eu leurs heures de gloire, on nous annonce du rap pour bientôt, et Benito Zambrano nous sert ici un blues aux accents de carte postale qui pourrait presque troubler le repos de Gutiérrez Alea.
On y apprend donc que Cuba est une île paradisiaque dont la douceur est quelque peu perturbée par des conditions de vie difficiles, qu’on y trouve un système D développé au-delà du raisonnable et des voitures américaines qui tombent souvent en panne. On y trouve aussi des touristes pour qui "l’argent n’est pas un problème", et de riches Européennes qui n’hésitent pas à céder à l’exotisme de la chair. Tout Cubain normalement constitué a de la famille à Miami qui lui envoie des dollars en attendant un visa.
Voilà pour l’image. Le son, c’est un groupe de potes vaguement dilettantes et alcoolos, qui refont le monde avec des refrains aussi furieusement subversifs que "fais-toi sucer", et ont du mal à imaginer l’avenir au delà de leur prochaine cuite. Ruy et Tito échappent à la règle, et s’inventent des rêves d’Occident dans un Madrid jumelé avec Disneyland. Mais ne nous y trompons pas, l’argent ne peut pas tout corrompre ! Tito s’envole pour l’Espagne, d’autres réfugiés s’embarquent pour Miami, les producteurs imposent des compromis, mais envers et contre tout, Ruy restera pur car sa musique n’est pas à vendre, pas plus que son amour pour sa terre que les épouvantails du capitalisme ne parviendront jamais à lui faire quitter !
Benito Zambrano est espagnol. Il a étudié le cinéma pendant douze ans à La Havane. Ceci explique-t-il cela ?