Le 1er mai 2018
Nash Edgerton réunit un casting aguicheur pour s’essayer pour la première fois à l’exercice délicat de la comédie noire et déjantée... mais sans le scénario ni la dynamique qui s’y prètent. Raté.
- Réalisateur : Nash Edgerton
- Acteurs : Charlize Theron, Thandie Newton, Amanda Seyfried, Joel Edgerton, Sharlto Copley, David Oyelowo
- Genre : Thriller, Comédie policière, Comédie noire
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h50mn
- Box-office : 33 390 entrées France / 14 445 entrées P.P. / 4,969,853 $ de recettes (USA)
- Date de sortie : 9 mai 2018
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Résumé : Harold Soyinka travaille pour un groupe pharmaceutique dirigé par Elaine Markinson et Richard Rusk. Lorsque ces derniers décident de se lancer dans le commerce lucratif du cannabis médical, ils envoient Harold au Mexique pour le lancement de leur nouvelle usine de production. Ignorant que la société qu’il représente a trahi un dangereux cartel local, l’employé modèle échappe de justesse à un enlèvement. Perdu au fin fond du Mexique, réalisant que ses patrons ont tout intérêt à le voir disparaître, pourchassé par les tueurs du cartel et un mercenaire implacable, Harold ne peut compter que sur lui-même s’il veut rester en vie.
- 2018 (C) Amazon Studios / Metropolitan FilmExport
Notre avis : Jusqu’ici, les courts et longs métrages qu’il a réalisés étaient le fruit d’un travail, assez enthousiasmant, avec son frère Joel. Aujourd’hui, Nash Edgerton signe un second long-métrage dont le scénario est signé par un autre. C’est donc bien une première pour lui. Le scénario qu’il a choisi est écrit par Matthew Stone (à ne pas confondre avec Matt Stone, créateur de South Park), un scénariste qui a déjà, notamment, travaillé avec les frères Coen... ce qui n’est pas forcément une référence puisqu’il s’agit en l’occurrence d’Intolérable Cruauté, qui n’est pas ce qu’ils ont fait de mieux. Ce qui a intéressé Edgerton dans ce scénario, c’est la perspective de réaliser une comédie, et non pas un film d’action ou thriller, tel qu’il en a toujours mis en scène jusqu’ici. Les maladresses qui pèsent lourdement sur Gringo sont ainsi l’assemblage de l’écriture très brouillonne de Stone et de l’inexpérience d’Edgerton dans l’art de créer une dynamique humoristique et d’alimenter un second degré grinçant. Des défauts que le beau casting réunit par les frères Edgerton ne parviendra jamais à contrebalancer.
- 2018 (C) Amazon Studios / Metropolitan FilmExport
A défaut d’une comédie qui soigne ses effets, il ne fait aucun doute que Gringo aurait au moins pu être un survival relativement efficace si son réalisateur avait pu se concentrer sur les mésaventures de Harold. Or, malgré le fort capital sympathie que suscite son acteur, David Oyelowo (qui incarnait Marthin Luther King dans Selma et vu depuis dans Cloverfield Paradox), il s’agit d’un personnage creux et caricatural. Peut-être est-ce parce qu’il savait qu’il n’arriverait pas à créer une véritable intensité dramatique autour d’un tel stéréotype insipide, que Stone a commencé, plutôt qu’à étoffer son personnage principal, à tisser autour de lui toute une galerie de personnages secondaires. Et c’est là le début des ennuis.
- 2018 (C) Amazon Studios / Metropolitan FilmExport
Du côté des « méchants », les principaux sont incarnés par Joel Edgerton et Charlize Theron. Il s’agit de personnages, là encore caricaturaux, mais potentiellement intéressants pour le caractère criminel de leur activité pharmaceutique, source d’interrogation sur la difficulté de rendre légal, sans dérive, l’usage de la marijuana. Malheureusement, davantage que ce flou juridique, c’est bel et bien le cabotinage des deux acteurs, et en particulier celui de Theron en femme fatale aguicheuse (ce qu’elle fait très bien !), qui intéresse le réalisateur dans sa volonté d’assurer une dimension comique à son thriller.
Pire encore, le couple incarné par Amanda Seyfried et Harry Treadaway, que l’on suit du début à la fin parallèlement à Harold, n’apporte strictement rien à l’histoire. Et ainsi, plus le film va avancer, plus les personnages vont se multiplier, allant jusqu’à prendre une structure de film choral dans lequel l’intrigue principale se retrouve noyée.
- 2018 (C) Amazon Studios / Metropolitan FilmExport
Cette prolifération superfétatoire de pistes scénaristiques –que son auteur devra inévitablement bâcler dans les dernières minutes– ne parvient même pas à dissimuler les failles dans le développement de l’histoire d’Harold. Tandis que les pires clichés sur le Mexique se suivent, allant jusqu’à alimenter une image du pays qui justifie que l’on veuille ériger un mur à sa frontière, Stone fait appel à toutes les plus grosses ficelles du genre pour mener à bien la course contre la mort dans laquelle il a lancé son héros. On en vient à se demander à chaque scène comment il va justifier l’intervention de tel ou tel personnage en guise de deus ex machina pour sauver Harold de telle ou telle déconvenue improbable. C’est ainsi qu’est construit Gringo, et Edgerton semble croire que les redondances de ce schéma foutraque lui assure un certain humour, dans l’esprit d’un « After Hours au soleil », mais souffre d’un rythme bien trop inégal pour rendre amusants de tels raccourcis et autres lourdeurs d’écriture.
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